Le Concours des Grands Vins du Beaujolais 2025 s’est déroulé le jeudi 21 janvier au Domaine des Communes à Anse, sous l’égide d’Inter Beaujolais et Armonia. Cette compétition, qui a eu lieu peu de temps après l’International du Gamay, avait pour objectif de sélectionner les meilleurs vins du Beaujolais, toutes appellations et couleurs confondues.
120 jurés professionnels mobilisés pour déguster les vins du Beaujolais
Ce 21 janvier, plus de 120 dégustateurs étaient au rendez-vous, entre professionnels et amateurs avertis. Et ce jury d’experts n’a pas chômé, avec la dégustation de 629 échantillons. Le but : sélectionner la cuvée la plus représentative de chaque appellation.
Quelles récompenses pour les meilleurs vins du Beaujolais ?
Sur les 629 échantillons en rouge, blanc ou rosé en compétition, 189 ont reçu une médaille d’or ou d’argent. Parmi les cuvées médaillées d’or, les mieux notées de chaque catégorie ont également le privilège de remporter un des 15 trophées en bronze. Il ne faut pas oublier que ces œuvres d’art représentent le Concours des Grands Vins du Beaujolais depuis ses origines. Chaque année, les heureux gagnants conservent le trophée jusqu’à l’édition suivante du concours, où il est remis en jeu.
Cette année, le Concours des Grands Vins du Beaujolais est partenaire du Festival des Terroirs. Ainsi, le lauréat du trophée lieu-dit bénéficie d’un temps de parole lors de ce festival qui met en avant une sélection de producteurs et d’artisans, chacun représentant la richesse et la diversité des terroirs. L’événement se tient à Lyon, à HEAT et au H7, dans le quartier Confluence, les 11, 12 et 13 avril prochains.
De grandes cuvées pour de grands terroirs
Ces 15 trophées sont l’occasion pour leurs gagnants de représenter fièrement leur appellation pendant toute une année. Si certaines catégories sont bien connues (les 10 crus ou les AOCs Beaujolais et Beaujolais Villages), d’autres sont plus confidentielles.
Ainsi, on retrouve un trophée dédié au Beaujolais Pierres Dorées, distinguant le meilleur vin issu de ce terroir si spécifique du sud du vignoble.
Cette année encore, on récompensait le meilleur vin du vignoble avec lieu-dit revendiqué. Effectivement, ce choix permet de mettre en lumière les cuvées parcellaires issues de lieux-dits cadastrés revendiqués. Il faut dire que chacun de ces lieux-dits possède ses propres caractéristiques géologiques, climatiques et historiques. Ainsi, ce trophée représente pour les domaines, caves et maisons de vins du vignoble un outil supplémentaire pour valoriser leurs terroirs si singuliers.
La remise des prix a eu lieu le vendredi 7 février dans la Salle des Fresques du 210 en Beaujolais, à Villefranche-sur-Saône.
Retrouvez le palmarès complet du Concours des Grands Vins du Beaujolais sur le site officiel.
Les lauréats du Concours des Grands Vins du Beaujolais 2025
En Beaujolais, la fibre pour la recherche viticole ne date pas d’hier. Insufflée par l’ingénieur et homme d’affaire Victor Vermorel à la fin du XIXème siècle, elle œuvre aujourd’hui encore pour l’amélioration de la qualité des vins mais aussi des pratiques agronomiques. Pleine de challenges, la viticulture de demain s’invente dès aujourd’hui grâce aux travaux des chercheurs du Beaujolais. Présentation des métiers et des projets d’étude en cours dans le vignoble.
Le Beaujolais, territoire historiquement à la pointe de la recherche sur la vigne et le vin
Victor Vermorel – Archives Senat.fr
D’où vient la fibre beaujolaise pour la recherche viticole ?
Si la recherche sur la viticulture en Beaujolais avait un visage, ce serait celui de Victor Vermorel. Enfant des bords de Saône, le chercheur a fait avancer la connaissance sur la viticulture tout au long de sa vie. Visionnaire, celui qui prônait « le progrès par l’expérience » a fait du Beaujolais un haut lieu de la recherche vitivinicole.
Victor Vermorel a marqué les vignerons de la fin du XIXème siècle grâce à ses multiples inventions. Il est notamment, avec Pierre Viala, l’auteur de l’ouvrage historique « L’Ampélographie. Traité général de viticulture ». Paru en 1900, celui-ci documente et illustre les 5 200 cépages répertoriés dans le monde et est encore aujourd’hui une référence.
L’Ampélographie. Traité général de viticulture, Victor Vermorel et Pierre Viala, 1900
Illustration du cépage gamay, L’Ampélographie. Traité général de viticulture, Victor Vermorel et Pierre Viala, 1900
Illustration du cépage chardonnay, L’Ampélographie. Traité général de viticulture, Victor Vermorel et Pierre Viala, 1900
Entre 1888 et 1897, Victor Vermorel a imaginé les lieux de recherche sur la vigne et le vin que nous connaissons aujourd’hui en Beaujolais. Il a créé la toute première station viticole au 210 boulevard Vermorel à Villefranche-sur-Saône. Cette adresse, où travaillent toujours les chercheurs, était initialement composée de laboratoires, d’une impressionnante bibliothèque mais aussi d’une mini-cuverie… L’entrepreneur a également fait du Château de l’Eclair, à Liergues, un domaine viticole expérimental. A l’époque, ces lieux suscitent la curiosité et des chercheurs du monde entier viennent les visiter.
Des structures de recherche interconnectées en Beaujolais
Vous l’aurez compris, l’héritage de Victor Vermorel a donné sa forme actuelle à la recherche en Beaujolais. Son originalité ? Plusieurs organisations interconnectées qui travaillent main dans la main. Inter Beaujolais (organisation chargée du développement de la filière viticole) compte la recherche et l’expérimentation parmi ses missions. Celles-ci sont assurées par la SICAREX Beaujolais (Société d’Intérêt Collectif Agricole de Recherches et d’EXpérimentations) notamment grâce à un domaine viticole expérimental de 20 hectares. Le centre de recherche travaille en étroite collaboration avec le Pôle Bourgogne Beaujolais Jura Savoie de l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV). Implanté en 18 unités dans les régions viticoles françaises, ce dernier compte une équipe de 9 chercheurs dans le Beaujolais. Ces trois organisations sont toutes situées à la même adresse, surnommée le « 210 en Beaujolais » à Villefranche-sur-Saône.
La SICAREX Beaujolais et l’IFV réalisent nombre de leurs expérimentations sur la vigne et le vin au Château de l’Eclair. Ledomaine, autrefois investi par Victor Vermorel, est aujourd’hui surnommé le « laboratoire à ciel ouvert du Beaujolais ». Bien que basées dans le Rhône, les équipes de la SICAREX Beaujolais et de l’IFV travaillent sur des projets à l’échelle locale, nationale et internationale. Les travaux de recherche ne se cantonnent pas aux enjeux régionaux. Ils concernent bien souvent le vignoble français dans son ensemble.
Sur le terrain, la chambre d’agriculture du Rhône se charge de transmettre aux vignerons, domaines et caves du Beaujolais les résultats de la recherche. Cela passe notamment par la formation, l’organisation de rencontres techniques ou encore l’animation de groupes de vignerons (Vigneron·ne·s du Vivant en Beaujolais par exemple).
Bouteilles consignées, exemple d’un sujet de recherche transverse
En Beaujolais, la recherche implique bien souvent à la fois la SICAREX Beaujolais, l’IFV, lnter Beaujolais et le Château de l’Eclair. C’est le cas par exemple pour une expérimentation sur le réemploi des bouteilles entamée en 2023.
Le saviez-vous ? Les calculs de l’IFV ont démontré que le conditionnement représente 40 % à 50 % de l’empreinte carbone globale de la filière. Pour réduire cet impact majeur il faut soit opter pour des bouteilles plus légères soit adopter un système de consigne.
Afin de fournir des données et un retour d’expérience, des recherches sont menées en Beaujolais à tous les niveaux. Le Pôle sensoriel de la SICAREX Beaujolais étudie l’image de la consigne auprès des acteurs de la filière. En parallèle, Inter Beaujolais établit un observatoire de la qualité des vins et du poids des bouteilles. Et enfin, le Château de l’Eclair commercialise une cuvée test de Beaujolais Nouveaux consignés. Les premiers retours d’expérience sont disponibles dans un livre blanc édité en fin d’année.
La recherche en Beaujolais aujourd’hui : projets et innovations
Empreinte carbone, adaptation au réchauffement climatique, cépages résistants, attentes des consommateurs… les grands axes de recherche en Beaujolais
L’enjeu du siècle pour la viticulture va être de s’adapter à la nouvelle donne dictée par le réchauffement climatique. Ainsi, les travaux de recherche en Beaujolais visent avant tout à orienter les acteurs de la filière dans ce contexte. Cela peut être par la mesure d’empreinte carbone, des expérimentations agronomiques, l’exploration du matériel végétal ou encore l’étude des goûts des consommateurs…
« Notre métier est de répondre aux questions que se posent les professionnels. Elles sont le reflet des attentes sociétales et des besoins du secteur ».
Basé en Beaujolais, le Pôle Évaluation Environnementale de l’IFV étudie l’impact de la filière avec pour objectif de trouver des moyens de l’atténuer. Ce pôle s’applique à mesurer l’empreinte carbone des exploitations viticoles et met en perspective les données liées à chaque étape du cycle de vie du vin. Il réalise une veille constante et étudie de près les différentes pratiques pour orienter les professionnels cherchant à réduire l’empreinte carbone de leur entreprise.
Adapter les pratiques viticoles face au réchauffement climatique
L’adaptation au changement climatique est aussi un sujet de recherche pour le Pôle technique de l’IFV Beaujolais-Savoie. Des expérimentations agronomiques sont menées, dans le but de maintenir un rendement et une qualité de vin malgré le changement climatique. Le rôle de ces recherches est de proposer des solutions progressives et notamment des leviers d’actions à court terme (filets d’ombrage, modification du feuillage…) tout en gardant un oeil sur les solutions à plus long terme (cépages résistants notamment).
Les chercheurs de la SICAREX Beaujolais remplissent encore aujourd’hui l’une de ses missions historiques : la sélection et la préservation de la diversité génétique du gamay. Ils entretiennent un impressionnant conservatoire composé de plus de 1 000 gamay différents (originaires d’Italie, de Suisse, du Sud-Ouest…). Ce travail de préservation du végétal va encore plus loin avec le projet “Qanopee”. Porté par les vignobles du Beaujolais, de la Champagne et de la Bourgogne, il cherche à pré-multiplier des pieds de vignes sains dans une serre bioclimatique de 4 500m2. L’objectif ? Sécuriser le patrimoine végétal des vignobles.
La création variétale est un “fil rouge” pour la SICAREX Beaujolais d’après son directeur, Bertrand Chatelet. Dès les années 70, le centre de recherche rejoint un programme inédit de l’INRAE et devient une référence en la matière. Travail au long court, la sélection variétale s’appuie notamment sur l’observation et la comparaison des 180 variétés de raisins plantées sur une parcelle du Château de l’Eclair. La SICAREX Beaujolais a notamment créé le gaminot, croisement entre le gamay et le pinot noir. Aujourd’hui, les équipes concentrent leurs recherches sur des variétés à la fois tolérantes aux maladies cryptogamiques et à la sécheresse. Certains cépages résistants créés sont d’ores et déjà plantés en Beaujolais. Le gamaret ou le voltis pour ne citer qu’eux, pourraient d’ailleurs rentrer dans le cahier des charges des appellations.
Identifier les attentes des consommateurs de demain
Afin de produire des connaissances pour la science et l’ensemble de la filière, un pôle d’analyse sensorielle a vu le jour en 2023. Son équipe d’ingénieurs mène des projets de recherche qui intéressent bien au-delà du vignoble beaujolais et même français. Ils mettent au cœur de la recherche le jugement sensoriel des consommateurs notamment via des groupes focus et des dégustations. Débuté en 2020, l’un des projets phares du pôle concerne la perception des vins sans sulfites ajoutés. Les conclusions de cette étude, menée auprès d’un panel de consommateurs et de professionnels, sortiront fin 2024.
Zoom sur GES&Vit, le premier outil de calcul d’empreinte carbone viticole, né en Beaujolais
Le Pôle Évaluation environnementale a mis les bouchées doubles pour répondre au besoin pressant de mesure de l’empreinte carbone des acteurs de la viticulture. Il a été le premier à proposer dès 2021 le premier outil capable de le faire. Baptisé GES&Vit, celui-ci a pour ambition d’appuyer la filière vin dans sa transition bas carbone.
GES&Vit permet de poser un diagnostic sur les pratiques en place mais aussi de simuler différents modes de conduite de la vigne. Enfin, il donne les moyens d’agir grâce à un plan d’action visant à réduire l’empreinte carbone d’une exploitation viticole. Accessible sous réserve que l’on ait suivi une formation de prise en main, l’outil s’adresse à des conseillers et techniciens viticoles. De nombreux professionnels en France l’ont d’ores et déjà adopté.
Si Victor Vermorel a créé un terreau fertile pour la recherche viticole en Beaujolais, sa filière vin a su se structurer pour lui faire porter des fruits. C’est main dans la main que les équipes d’Inter Beaujolais, de la SICAREX Beaujolais, de l’IFV et de la Chambre d’agriculture du Rhône la font perdurer avec passion. Ancrés dans leur époque, leurs travaux de recherche sont des mines d’informations pour construire le vignoble de demain.
Pissevieille, Côte du Py, La Madone, Champ de Cour… Avez-vous déjà prêté attention à ces inscriptions sur les bouteilles des crus du Beaujolais ? Que vous soyez familier ou non avec la notion de “vins de lieux”, nous vous expliquons ce qui se cache derrière, à l’heure où plusieurs crus caressent l’espoir de voir naître des premiers crus en Beaujolais.
Le Beaujolais, candidat aux premiers crus ? C’est en tout cas le chemin qu’empruntent certains des dix crus du vignoble. Les lieux-dits, entités géographiques reconnues dans le cadastre, étaient déjà recensés sur les cartes il y a plus de deux siècles. Aujourd’hui, les vignerons cherchent à faire reconnaître ces terroirs particuliers. Jusqu’à franchir la marche du classement en premier cru ? Retour sur cette démarche de longue haleine dont l’avancement varie selon les crus.
Beaujolais : un vignoble fait de crus et de lieux-dits
Lieu-dit et premier cru, ça vous parle ?
Tout d’abord, que sont les lieux-dits et que signifie premier cru ? En ce qui concerne le vin, les lieux-dits sont un terroir précis et cadastré à l’intérieur d’une zone d’appellation. On en répertorie près de 600, rien que sur le secteur des crus du Beaujolais et chacun d’eux donne vie à des cuvées typiques. Les vignerons sont de plus en plus nombreux à en faire mention sur leurs étiquettes. Ensuite, un premier cru est un échelon supérieur aux crus dans la hiérarchie des vins. Il permet de reconnaître un terroir d’exception et des pratiques encadrées.
La mosaïque des sols du Beaujolais
Si la variété des terres du Beaujolais n’a pas échappé aux vignerons d’hier et d’aujourd’hui, c’est une véritable mosaïque des solsqui a été mise en lumière en 2018. En effet, une étude inédite -qui a duré 9 ans- a révélé plus de 300 types de sols issus de 15 grandes familles de roches. Pas étonnant donc que les vins du Beaujolais soient si différents, non seulement d’une AOC à une autre mais aussi d’un lieu-dit à un autre.
Des lieux-dits ancestraux
Les lieux-dits présents sur les 12 appellations sont un héritage viticole du Beaujolais. Des “porteurs de mémoire” racontent encore les anecdotes liées à ces endroits baptisés selon un fait historique, un patronyme ou encore une caractéristique naturelle du terrain. On retrouve d’ailleurs mention de certains lieux-dits sur d’anciennes cartes, étiquettes et déclarations de récoltes… La carte Budker de 1869 notamment recensait déjà pas moins de 200 lieux-dits ! En d’autres termes, l’approche parcellaire en Beaujolais ne date pas d’hier.
Pourquoi le Beaujolais cherche-t-il à avoir ses premiers crus ?
Le parcellaire, partie intégrante de l’identité du Beaujolais
Qu’ils présentent leurs “cuvées lieux-dits” ou que leurs bouteilles en portent le nom, les vignerons du Beaujolais sont de plus en plus nombreux à avoir recours, comme leurs ancêtres, au parcellaire. En effet, conscients de la variabilité des sols qu’ils travaillent mais également décidés à proposer des gammes de vins singulières, ils créent des cuvées voire des micro-cuvées pour révéler le potentiel de chaque lieu-dit. Certains parlent alors de “vins de lieux”.
Premier cru : une démarche de montée en gamme portée par les vignerons
Ce sont les vignerons de chaque appellation eux-mêmes qui portent le projet de doter certains vins de la mention premier cru. Leur motivation ? L’envie que l’on considère leslieux-dits remarquables du Beaujolais à leur juste valeur et que leurs spécificités soient désormais reconnues. Enfin, dans la mesure où la présence de premiers crus est un gage de qualité pour le vignoble tout entier, c’est le Beaujolais dans son ensemble qui fera ainsi reconnaître sa montée en gamme.
Comment choisir les lieux-dits candidats aux premiers crus ?
Les vignerons ont sélectionné les lieux-dits susceptibles de devenir de premiers crus grâce à une méthode validée par l’Institut National de l’Origine et de la Qualité(INAO). Afin de justifier ces potentielles montées en gamme, l’institut exige la prise en compte des critères suivants :
revendication : les vignerons du lieu-dit le mentionnent-ils déjà sur leurs bouteilles et le revendiquent-ils à la récolte ?
notoriété historique : le lieu-dit est-il présent dans les archives (cartes, livres…) ?
notoriété contemporaine: les guides, magazines et concours le mentionnent-ils ?
dégustation : le lieu-dit a-t-il des typicités propres à la dégustation par rapport à l’appellation générique ? Lesquelles ?
valorisation : la mention du lieu-dit sur la bouteille lui donne-t-elle plus de valeur ? Met-elle en lumière l’attention particulière portée par le vigneron sur cette cuvée ? En d’autres termes, une cuvée “lieu-dit” est-elle valorisée économiquement ?
C’est l’évaluation de ces critères qui permet de classer les lieux-dits entre eux et, au final, de porter la candidature des mieux notés.
Qui dit premier cru dit pratiques encadrées
Mais en fait, qu’implique un classement en premier cru ? La montée en gamme s’accompagne de l’adoption de pratiques plus restrictives que pour le reste de l’appellation. Par exemple ? Les premiers crus demandent entre autres de diminuer les rendements lors de la récolte ou d’allonger la durée d’élevage des vins.
Afin d’harmoniser les démarches, un cahier des charges premier cru socle a été créé. Il est basé sur les pratiques recensées auprès des vignerons de chaque appellation. Les crus candidats à la montée en gamme sont libres d’aller plus loin.
Fleurie, Brouilly et Moulin-à-Vent candidats aux premiers crus
Où en sont les dix crus ?
Si les dix crus mettent en valeur leurs terroirs depuis toujours, c’est depuis 2019 qu’ils se sont tous engagés dans une démarche de reconnaissance de leurs lieux-dits, afin de définir avec plus de précision chaque terroir.
Ce travail pourra aboutir à terme à une reconnaissance de certains d’entre eux en premiers crus. Ce sera le cas prochainement pour Fleurie, Brouilly, Moulin-à-Vent, Côte de Brouilly et Juliénas. Pour les cinq autres, le travail de collecte de données se poursuit.
Les lieux-dits candidats aux premiers crus
Ce sont d’abord les vignerons de Fleurie qui ont ouvert la voie des candidatures aux premiers crus. Ils ont été suivis quelques mois plus tard par ceux de Brouilly et Moulin-à-Vent. Ils ont adopté la procédure de l’INAO afin de pouvoir arrêter une liste de lieux-dits à valoriser. Les candidats au titre de premiers crus votés en assemblée générale sont :
7 lieux-dits sur le cru Fleurie : Grille Midi, La Chapelle des Bois, La Madone, La Roilette, Les Garants, Les Moriers, Poncié
16sur le cru Brouilly : Briante, Combiaty, Combiliaty, Garanches, La Chaize, La Martingale, La Perrière, La Terrière, Les Maisons neuves, Marquisat, Pierreux, Pissevieille, Reverdon, Saburin, Saint Pierre, Voujon
14 sur le cru Moulin-à-Vent : Au Michelon, Aux Caves, Carquelin, Champ de Cour, Chassignol, La Roche, La Rochelle, La Tour du Bief, le Moulin-à-Vent, Les Perrelles, Les Rouchaux, Les Thorins, Les Verillats et Rochegrès.
Et maintenant ?
Si le plus gros du travail a été mené par les vignerons, les crusFleurie, Brouilly et Moulin-à-Vent n’en sont pour autant qu’au début du parcours. Le dossier déposé par Fleurie est à l’étude par l’INAO, tandis que ceux de Brouilly et de Moulin-à-Vent sont en cours de finalisation.
L’organisme administrateur des appellations d’origine débute son étude une fois le dépôt officiel des dossiers. Celle-ci peut prendre plus de dix ans et l’INAO peut y apporter de multiples ajustements. Patience donc, avant de voir naître pour de bon les premiers crus du Beaujolais !
Les étapes vers la reconnaissance des premiers crus
2009 – 2018 : étude inédite de caractérisation des terroirs du Beaujolais par le Cabinet d’étude pédologique Sigales
2017 : lancement d’un projet de montée en gamme commun aux 10 Crus
Avril 2019 : création d’une méthode de travail afin de déterminer les lieux-dits candidats au classement en premier cru.
2019 – 2024 : enquêtes de pratiques, création de fiches lieux-dits, dégustations mensuelles orchestrées par chaque cru.
28 mars 2023 : vote en assemblée générale du cru Fleurie pour 7 lieux-dits candidats
16 octobre 2023 : vote en assemblée générale du cru Brouilly pour 16 lieux-dits candidats
22 novembre 2023 : Fleurie dépose officiellement son dossier auprès de l’INAO
19 décembre 2023 : vote en assemblée générale du cru Moulin-à-Vent pour 14 lieux-dits candidats
Courant 2024 : dépôts officiels des dossiers pour les crus Brouilly et Moulin-à-Vent.
Horizon 2035 : officialisation des lieux-dits dotés du classement en “premiers crus”
Désormais, les lieux-dits du Beaujolais et leur potentiel pour viser les premiers crus n’ont plus de secrets pour vous.
Avec cette démarche de montée en gamme, les dix crus reconnaissent que le Beaujolais possèdeun trésor sous ses pieds (de vignes!)et partagent un objectif : définir avec plus de précision chaque terroir.
Cette réappropriation par les vignerons de leurs lieux-dits est d’ores et déjà en train de changer le visage du vignoble du Beaujolais.
Saviez-vous qu’en France les vins blancs ont dépassé les rouges dans le cœur des consommateurs* ? Que le chardonnay est de loin le cépage préféré des français ? Ça tombe bien, car c’est justement celui que travaillent les domaines, caves et maisons de vins du Beaujolais pour produire des vins blancs. Portrait de pépites prisées par les connaisseurs !
Les appellations Beaujolais blanc et Beaujolais Villages blanc sont de vraies révélations pour qui les découvre. S’ils sont tous élaborés à partir de chardonnay, ces vins blancs s’expriment différemment d’une cuvée à une autre et sont de véritables révélateurs de terroir.
Les Beaujolais blancs emplissent leur bouquet de fleurs blanches mais aussi de notes de fruits à chair blanche et d’agrumes. L’appellation Beaujolais Villages blanc est connue pour ses parcelles héroïques : des terroirs spécifiques, très pentus, aux sols variés (granites, pierres bleues, calcaires…). Les vins blancs produits sous cette appellation offrent une minéralité et une certaine intensité.
Coté vinification, les vins blancs du Beaujolais sont en général élaborés après une presse directe des grappes de chardonnay et une fermentation d’une quinzaine de jours en cuve. Les élevages se font parfois en fût de chêne mais aussi en foudre. Connus pour leur excellent rapport qualité-prix, les Beaujolais blancs et Beaujolais Villages blancs ont conquis les amateurs de vins depuis quelques années déjà.
Du sud au nord du Beaujolais, des terroirs propices au Chardonnay
Ce n’est un secret pour personne, sols argilo-calcaires et chardonnay font bon ménage. Les plus grands terroirs à vins blancs sont calcaires. Par chance, le Beaujolais compte lui aussi des sols argilo-calcaires. Situées principalement dans les Pierres Dorées et aux portes du Mâconnais, ces zones comptent de nombreuses parcelles de chardonnay.
Sonja Geoffray, vigneronne au Château Thivin, produit deux vins blancs dont le Beaujolais blanc “Clos de Rochebonne” dans les Pierres Dorées. Élevé en fût, c’est un vin complexe en bouche, sur la minéralité. Dans cette zone du sud du Beaujolais, connue pour ses pierres calcaires aux couleurs chatoyantes, un groupe de vignerons revendique la typicité de ses vins. En effet, depuis plusieurs années, la mention “Pierres Dorées” s’est faite une place sur leurs étiquettes.
“En misant sur le chardonnay, on donne un nouveau souffle à la magnifique région que sont les Pierres Dorées.”
Sonja Geoffray, Château Thivin
Les blancs du Beaujolais ne se produisent pas uniquement sur des sols argilo-calcaires. Les domaines, maisons et caves ayant des parcelles de chardonnay en Beaujolais Villages expérimentent sur différents sols (granites et pierres bleues notamment). Les résultats dans le verre sont surprenants, preuve que le profil organoleptique du chardonnay varie d’une parcelle à une autre. Cette richesse des sols du Beaujolais fait la richesse et la variétés de ses vins blancs.
Dans le nord du vignoble, les domaines, maisons et caves sont eux aussi en quête de reconnaissance pour la qualité de leurs blancs. Ils se font plus précis sur leurs étiquettes, afin d’affirmer leur singularité. On peut désormais lire sur les bouteilles des noms de communes telles que “Beaujolais Leynes blanc”, “Beaujolais Lantignié blanc”…
Sébastien Besson du Domaine du Penlois à Lancié fait partie d’un groupe de vignerons bien décidé à faire reconnaître les blancs produits sur la colline du Chatelard. Quatrième génération sur le domaine, il a vu ses vins trois fois récompensés au concours du meilleur chardonnay du monde.
A quelle occasion et avec quoi déguster des Beaujolais blancs ?
Les vins blancs du Beaujolais se dégustent idéalement jeunes. En effet, ils développent en général leur potentiel dans les 5 années qui suivent leur production. Certaines grandes cuvées peuvent toutefois avoir un beau potentiel de garde. Ce sont des bouteilles qui s’ouvrent à l’envie et s’apprécient de préférence entre 10 et 12°. Si l’on associe bien souvent le blanc à l’apéritif, les Beaujolais blancs ont toute leur place avec le plat principal.
Sonja Geoffray aime son Beaujolais blanc avec une quiche, tout simplement, ou bien des poissons, grillés comme en sauce. Sébastien Besson, lui, recommande ses blancs tantôt avec des viandes blanches, du fromage de chèvre ou des fruits de mer. Sa cuvée “La Criée”, caractéristique par sa fraîcheur, appelle pour lui un plateau d’huîtres en bonne compagnie.
“Travailler le chardonnay est passionnant, d’autant plus quand on a un joli terroir comme le nôtre. Nos blancs se marient à merveille avec un plateau d’huîtres ou lors d’un mâchon en bonne compagnie”
Sébastien Besson, Domaine du Penlois
D’une grande qualité, les Beaujolais blancs, de même que les Beaujolais rosés, gagnent à être (re)connus. Avec un cépage plébiscité dans le monde entier -qui peut se targuer d’avoir un “Chardonnay-day”-, des terroirs variés et des vignerons bien décidés à en tirer le meilleur, les blancs du Beaujolais ont l’avenir devant eux !
Les chiffres clés des blancs du Beaujolais en 2023 :
En volume, 4 % des vins produits
574 hectares de vignes récoltés
Près de 450 producteurs
2,3 millions de bouteilles en appellation Beaujolais et 930 000 en Beaujolais Villages
Le samedi 13 janvier dernier, le 14ème Concours International du Gamay se déroulait à la Cité Internationale de Lyon. 811 cuvées provenant de 4 pays différents (France, Suisse, Italie, Brésil) se sont disputé le titre tant convoité. Et après un Brouilly en 2022, puis un Côte de Brouilly l’an dernier, c’est un Moulin-à-Vent qui a remporté le trophée !
C’est un rendez-vous à ne pas manquer pour certains professionnels du vin et amateurs éclairés. 181 d’entre eux étaient attendus ce 13 janvier afin de déguster à l’aveugle les très nombreuses cuvées inscrites au concours. Une première dégustation a permis de départager médailles d’or et d’argent.
A l’issue de cette sélection, un grand jury composé d’experts (un professeur de sommellerie, un œnologue, un restaurateur, une caviste, une sommelière) a dégusté de nouveau à l’aveugle les cuvées médaillées d’or afin de déceler la meilleure. C’est donc finalement le Moulin-à-Vent cuvée Vieilles Vignes 2023 du Domaine de Colonat qui a été élu Meilleur Gamay du Monde 2024.
267 gamays récompensés par une médaille
267 médailles, dont 164 Or et 103 Argent, ont été octroyées aux meilleurs gamays de cette dégustation. Le jury a également décerné une mention spéciale au meilleur vin suisse : l’AOC Coteau de Peissy, Domaine des Charmes, Le Baron Rouge Vieilles Vignes 1er cru 2022, 100% gamay.
Moulin-à-Vent Vieilles Vignes 2023 – Domaine de Colonat
Julie et Thomas Collonge
Le Meilleur Gamay du Monde est un Moulin-à-Vent
Le trophée du « Meilleur Gamay du Monde » 2024 a été attribué au Moulin-à-Vent Vieilles Vignes 2023 du Domaine de Colonat.
Vignerons depuis 9 générations, la famille Collonge exploite 12 hectares de vignes et produit des vins en AOC Morgon, Moulin-à-Vent, Chiroubles, Brouilly, Régnié et Beaujolais blanc. Après des études en viticulture-oenologie, Thomas se forme en France et à l’étranger, puis rejoint le domaine familial. S’en suivent 10 années de transmission de savoir-faire auprès de ses parents. Depuis 2018, Julie et Thomas Collonge continuent de développer le domaine. La connaissance de leurs meilleurs terroirs leur permet notamment de proposer 5 cuvées parcellaires, en AOC Moulin-à-Vent et Morgon.
« Nous avons identifié au Domaine de Colonat trois éléments qui nous semblent essentiels pour produire des grands vins : nos vieilles vignes, le choix de la date de récolte et le tri des raisins à la récolte. » confie Thomas Collonge.
On retrouve dans cette cuvée trois lieux-dits de l’appellation Moulin-à-Vent : les Greneriers, Bois Pontdevaux et Maison Neuve. Les terroirs argilo-granitiques offrent une disponibilité hydrique limitée mais régulière aux vignes âgées de 61 à 93 ans. L’élevage a été réalisé en cuve béton afin de préserver le fruité et la fraîcheur.
L’appellation Moulin-à-Vent fête son centenaire en 2024 : retrouvez toutes leurs actualités à cette adresse.
S’il a connu de beaux millésimes ces dernières décennies, le millésime 2020 en Beaujolais en est l’un des plus grands. Grâce aux conditions exceptionnelles qu’il a offertes, les vignerons ont pu donner naissance à leurs vins signatures.
Retour sur les facteurs qui ont marqué cette grande année.
2020 : des conditions climatiques excellentes
Très précoce, l’année 2020 s’est caractérisée par un temps sec et chaud (voire caniculaire durant l’été). Ces conditions ont été gage d’un très bon état sanitaire des vignes et d’une maturation optimale des raisins. Quelques pluies et baisses de températures survenues aux bons moments ont évité la sur maturité des baies et la diminution drastique des rendements. En Beaujolais, tous les producteurs s’accordent à dire que ces conditions très favorables ont donné de grands vins.
Gamay en été – Vins du Beaujolais / Etienne Ramousse
« Puissance, équilibre, fraîcheur, gourmandise, fruité, rondeur et complexité… tout y est ! »
Philippe Viet, vigneron à Régnié-Durette
2020 : maturité, fraîcheur et équilibre
Tels sont les maîtres-mots des vins du millésime 2020 en Beaujolais.
La chaleur du climat a ainsi aidé à atteindre de belles maturités des raisins, mais également des rafles. Cela a permis à de nombreux vignerons de choisir leur style, entre puissance et élégance.
Couverts végétaux, paillage, macérations longues, mais aussi vinifications à basse température ou encore élevages prolongés… 2020 a souvent été l’occasion de repenser ses modes de production pour « découvrir des vins aux styles uniques, offrant de nouvelles possibilités d’accords gastronomiques ».
Si la concentration en alcool était importante, elle a in fine été compensée par une belle fraîcheur. Grâce à cette alliance des sucres et des acides, un véritable équilibre caractérise les vins de 2020.
Millésime 2020 : une expression propre au terroir
Selon les particularités de leur terroir, les vins du millésime 2020 en Beaujolais se déclinent en des profils très variés : en fonction de l’exposition des parcelles, de la structure du sol ou encore de sa profondeur. Pour en savoir plus sur la diversité des sols du vignoble du Beaujolais, consultez la page Le Vignoble du Beaujolais, une mosaïque de sols).
En effet, les vins ont tantôt gagné en puissance, prenant des notes de fruits noirs, d’épices et d’herbes aromatiques du sud, tantôt en finesse, dévoilant des arômes plus frais, vifs, et des tanins délicats.
Ainsi, d’une appellation à une autre, parfois même d’une parcelle à une autre, les profils aromatiques des vins ont varié grâce à la géologie extrêmement riche du vignoble.
Les Roches du Beaujolais – Floriane Tanneur / Vins du Beaujolais
Enfin, quels que soient leurs caractères et nuances, les vins du millésime 2020 en Beaujolais promettent un très beau potentiel de garde. De toute évidence, des vins qui traverseront les âges… !
Le millésime 2020 est si singulier qu’un carnet lui a été dédié. Retrouvez plus d’informations et de témoignages dans le Carnet Millésime 2020 :
Du 7 au 12 février 2023, la France accueille le Concours du Meilleur Sommelier du Monde 2023. Les épreuves ont débuté ce mercredi ! Et comme les vins du Beaujolais sont partenaires de l’événement, ils sont présents tout au long de la semaine pour accompagner cet événement exceptionnel. Alors, quel est le programme pour les vins du Beaujolais ?
Les vins du Beaujolais servis à table pendant la semaine du concours
Tout au long de la semaine sont servis à table des vins du Beaujolais présélectionnés par un exigeant jury. Que ce soit lors des déjeuners ou des dîners, les Beaujolais d’exception sont présents sur les tables des délégations ! Ainsi, les 68 candidats au concours et leur équipe peuvent découvrir la fine fleur des 12 appellations beaujolaises.
Et pour finir la semaine en beauté, a lieu dimanche un dîner de gala qui met fin à la journée de finale et la cérémonie de clôture. Bien évidemment, un Beaujolais sera servi durant ce repas d’anthologie, et il s’agit du Saint-Amour, Mont Besset du domaine Les Sources d’Agapé, millésime 2020.
Les producteurs présents au concours pour faire déguster leurs vins du Beaujolais
Mardi 7 février, à l’arrivée des partenaires, des candidats et des délégations, les vins du Beaujolais sont servis au salon d’accueil.
En marge des épreuves, les candidats et leur équipe ont accès au Bar des Sommeliers. C’est un espace dédié aux délégations pour se détendre et découvrir les produits des partenaires. Dans ce contexte, les caves, maisons et domaines du Beaujolais sont bien évidemment présents avec un stand aux couleurs de notre beau vignoble ! Et tous les jours, c’est un thème différent qui réunit les producteurs représentés. Terroir d’altitude, sols de pierres bleues, de granites, vieux millésimes, démarche « premiers crus », …
Alors chaque soir, à partir de 17h00, les vignerons se relaient pour faire déguster les vins du Beaujolais, Nouvelle Génération !
Samedi 11 février : masterclass « Le Beaujolais, la diversité d’un vignoble »
Le vignoble du Beaujolais bénéficie d’une extraordinaire richesse de terroirs, avec plus de 300 types de sols, une variété d’altitudes, d’expositions et d’influences climatiques qui offrent autant de profils de vins différents ! Chaque lieu-dit exprime une identité propre qui se révèle dans le verre et déploie ses nuances au fil du temps.
Une masterclass « Le Beaujolais, la diversité d’un vignoble » est donnée samedi à 11h00 aux sommeliers venus du monde entier à l’occasion du Concours. Elle est animée par Gaëtan Bouvier, Meilleur Sommelier de France 2016 et Meilleur Ouvrier de France sommellerie 2022, Marine Descombe, Famille Descombe, et Edouard Parinet, Château du Moulin-à-Vent.
A l’approche du concours, nous avons rencontré la nouvelle génération de sommeliers ! Et notamment Pier-Alexis Soulière, le candidat canadien. Lire la suite…
Partout dans le monde, des tables gastronomiques font la part belle aux vins du Beaujolais. Il faut dire qu’ils offrent une grande diversité de profils aromatiques. Et par conséquent, de nombreuses possibilités d’accords mets et vins.
A la veille du concours du Meilleur Sommelier du Monde, nous avons rencontré 3 grands sommeliers. Il font partie d’une « nouvelle génération » qui casse les codes, à l’image, d’ailleurs, du vignoble du Beaujolais. Rencontre en tête-à-tête avec ces personnalités de la sommellerie.
« Les Beaujolais, on peut les servir frais pour les entrées, et à température ambiante pour le plat principal »
Seika Hosokawa, ex-sommelière au Royal Monceau, Prince de Galles et Jules Verne*, Paris
Seika Hosokawa est une sommelière japonaise. Elle a exercé dans les restaurants du Royal Monceau, du Prince de Galles et dernièrement au Jules Verne*. Elle nous donne des clés pour comprendre les différents profils de vins du Beaujolais. D’après Seika, ils possèdent une véritable dimension gastronomique. Découvrez les délicieux accords mets et vins qu’elle nous propose.
« Je pense qu’il est nécessaire d’avoir sur une carte des vins tous les crus du Beaujolais »
Matthias Meynard, chef sommelier au restaurant La Scène**, Paris
Matthias Meynard est chef sommelier au restaurant La Scène**. Il aborde la grande diversité du vignoble et de ses profils de vins. Pour lui, ce sont de vrais atouts sur une carte de grand restaurant. Le sommelier évoque ensuite la porosité du gamay à son terroir. De toute évidence, le gamay sait faire varier ses nuances organoleptiques en fonction de sa provenance. Pour finir, Matthias nous partage son coup de cœur…
« Jusqu’à ma mort, il y aura toujours un Beaujolais au verre »
Pier-Alexis Soulière, Master Sommelier, Québec
Pier-Alexis Soulière est Master Sommelier canadien et candidat au Concours du Meilleur Sommelier du Monde. Il nous reçoit au restaurant Le Clan, Vieux-Québec. En tant que candidat, il nous explique en quoi consiste ce concours et ce que représente le titre d’ailleurs très convoité de « Meilleur Sommelier du Monde ». Il nous parle du plaisir que procure le gamay, mais aussi de son potentiel de garde. Il nous fait part, en somme, de sa passion pour les vins du Beaujolais.
Les vins du Beaujolais sont partenaires du Concours du Meilleur Sommelier du Monde, Paris 2023. Pour en savoir plus, cliquez ici !
Le Concours International du Gamay, 13ème édition, a eu lieu à la Cité Internationale de Lyon samedi 14 janvier dernier. A cette occasion, 729 vins en provenance de 4 pays et issus du cépage gamay étaient en lice pour prétendre au titre de « Meilleur Gamay du Monde » 2023. Et comme en 2022, le trophée a été remis à une cuvée en AOC beaujolaise.
168 dégustateurs, professionnels du vin ou amateurs éclairés ont pu déguster à l’aveugle les cuvées présentées. Ils ont ainsi attribué des médailles (or et argent) aux vins les plus méritants.
À l’issue de la dégustation, un « super jury », composé de 5 experts (deux sommeliers, une œnologue, un maître de chai et un amateur expérimenté), a dégusté à nouveau une sélection restreinte – les médaillés d’or. Ce dernier a pu départager les vins présélectionnés afin d’élire le « Meilleur Gamay du Monde » 2023.
229 médailles ont récompensé les meilleurs gamays
Au total, les jurés ont attribué 229 médailles dont 119 médailles d’or et 110 médailles d’argent à l’issue de la dégustation. En outre, le meilleur vin de Suisse décroche une mention spéciale : AOC Genève, Domaine de la Planta, La Révolution 2021, 100 % gamay.
Vignerons depuis 8 générations, la famille Chanrion exploite 7 hectares de vignes sur les différents versants du Mont Brouilly. Nicole Chanrion, formée en premier lieu au lycée viticole de Beaune, retrouve ses racines dans le Beaujolais en reprenant en 1979 le domaine familial, à la suite d’une expérience dans la Napa Valley en Californie. Elle est alors l’une des premières femmes à devenir viticultrice et gérer un domaine.
Son fils Romain Chanrion, quant à lui, est d’abord ingénieur dans le secteur de l’énergie. Il décide malgré tout en 2014 de se consacrer pleinement à sa passion en rejoignant progressivement le domaine.
De toute évidence, le vin récompensé représente bien le caractère des Côte de Brouilly 2020. En effet, plusieurs lieux-dits sont réunis dans cette cuvée : Les Crozes, Chardignon, Godefroy, Le Pavé et une petite parcelle sur Brulhié, couvrant ainsi différents versants de la colline. Tout d’abord, c’est grâce à une vinification et un élevage parcellaire que les spécificités de ces terroirs se révèlent. Vient ensuite l’assemblage, qui apporte au vin puissance, élégance, fraîcheur et minéralité tout en préservant un parfait équilibre.
Romain Chanrion ajoute : « L’année 2020 a été marquée par un épisode caniculaire soutenu sur la colline de Brouilly. Nous avons donc dû nous adapter sans oublier les principes fondamentaux de la vinification traditionnelle beaujolaise (macération semi-carbonique et élevage en foudre de chêne). Et dans ce contexte, beaucoup de détails ont leur importance. L’alchimie a heureusement été trouvée. Nous en sommes heureux ! »
Prix de vente TTC de cette cuvée désormais très recherchée : autour de 20 €. (contacter le domaine)
-> Pour plus de détails, consultez l’article officiel du Concours International du Gamay.
Les Vins du Beaujolais sont partenaires du Concours ASI du Meilleur Sommelier du Monde, Paris 2023. En prévision de cette grande occasion, nous avons rencontré Gaëtan Bouvier, Meilleur Sommelier de France 2016 et Meilleur Ouvrier de France Sommellerie (MOF) 2022. Il témoigne sur les vins d’exception du Beaujolais.
Quel était l’objet de la dégustation d’aujourd’hui ?
« Le but était de sélectionner les cuvées qui incarneront le Beaujolais lors du concours du Meilleur Sommelier du Monde. Avec Philippe Faure-Brac et Laurent Derhé, nous avons fait équipe pour déguster différents crus ainsi que des Beaujolais et Beaujolais Villages, en blanc comme en rouge. Et nous avons fait ressortir ce que nous considérions comme la quintessence des cuvées présentées. Ce moment privilégié nous a permis de faire de très belles découvertes que nous avons hâte de voir présentées au monde de la sommellerie en février prochain ! »
*Les vins sélectionnés seront présentés aux sommeliers venus du monde entier, en marge des épreuves du concours du Meilleur Sommelier du Monde 2023.
Qu’est-ce qui vous a marqué, vous, Gaëtan Bouvier, sommelier ?
« Pour un sommelier qui travaille en région lyonnaise, le potentiel du Beaujolais n’est pas un scoop ! Et d’ailleurs il s’est encore vérifié en dégustation à l’aveugle ce matin. Certains crus que j’apprécie particulièrement m’ont aussi démontré la qualité collective du travail des vignerons, sur différentes cuvées. C’était très intéressant de constater que certaines parcelles, dont j’avais dégusté les vins un an auparavant, se révèlent pleinement aujourd’hui dans leur évolution. »
Qu’avez-vous pensé des blancs ? A quoi ressemble un chardonnay du Beaujolais ?
« J’ai trouvé les vins blancs brillants, lumineux. Ceux que nous avons sélectionnés sont souvent marqués par des notes acidulées, ils sont frais, francs et directs. C’est comme cela qu’on les aime. On y retrouve souvent un caractère citronné, mais aussi une certaine pondération.
Ce qui fait la différence, en vérité, ce sont leurs spécificités géologiques. Entre terroirs granitiques et terroirs argilo-calcaires, les sols marquent à jamais le touché de bouche et la vivacité du vin. Ces deux grandes familles géologiques du Beaujolais font du cépage chardonnay une véritable éponge à terroir. Et en fin de compte, cela se retranscrit à merveille dans le verre ! »
Vous parlez des différents terroirs qui caractérisent le Beaujolais ; est-ce que cette diversité s’est ressentie dans la dégustation ?
« La mosaïque géologique du Beaujolais s’est clairement révélée dans les verres. On a souvent tendance à simplifier le vignoble du Beaujolais en parlant de granite. Mais il y a tant de lieux-dits, de micro-terroirs et de textures de sol que cela change complètement la qualité intrinsèque des vins. L’altitude et l’exposition des crus vallonnés s’est notamment exprimée dans la dégustation. Je repense à « l’Héronde » par exemple, un très joli lieu-dit du cru Côte-de-Brouilly. Il est ressorti chez plusieurs vignerons ce matin, ce qui est bien la preuve que les terroirs marquent la qualité des vins. »
Gaëtan Bouvier, avez-vous eu des coups de cœur ?
« Oui, et plusieurs ! J’ai adoré le Domaine des Marrans à Fleurie, ou encore le Saint-Amour du Château des Bachelards. Le Moulin-à-Vent de Richard Rottiers m’a séduit quant à lui sur les Thorins, un magnifique terroir de Romanèche. J’ai aussi retrouvé le Château des Jacques, un grand classique. C’est comme écouter du Mozart : c’est toujours beau et bien fait ! Enfin le Domaine des Nugues, également sur Fleurie, m’a bousculé en dégustation par son incroyable puissance de concentration. »
Vous avez dégusté des vins ayant pris un peu d’âge, plus de dix ans pour certains. Qu’en avez-vous pensé ?
« Il faut sortir de l’idée que le Beaujolais est un vin qui se boit seulement jeune. Bien sûr, à première vue, le gamay a sur certaines cuvées cette capacité à retranscrire un caractère très aromatique. Il offre un fruité croquant et séducteur dans sa jeunesse.
Mais les vignerons vont aussi chercher une profondeur de terroir. Le gamay, quand il pondère et s’assagit avec le temps, développe d’incroyables caractères fumés sur les granites notamment. Pour moi ce sont là de grandes, grandes bouteilles, capables de rivaliser avec les plus beaux crus du monde. On peut alors sortir des habitudes gastronomiques des plats canailles. Et on peut partir par exemple sur des civets de la mer ou sur des travaux de cuisinier très élaborés.
Le Beaujolais, c’est aussi un grand vin gastronomique ! »
Quel rôle jouent les vins du Beaujolais sur une carte des vins ?
« D’abord, ils correspondent au goût des 25-40 ans, ce qui est une bonne chose pour l’avenir. En fait, la clientèle jeune apprécie les tanins assez délicats du gamay, son fruit, sa gourmandise. Il est vrai que le gamay offre une immédiateté que même les grands vins du Beaujolais sont capables de livrer.
Et puis aujourd’hui, dans le Beaujolais, il y a de plus en plus de diversité. En termes de vinification, par exemple, des philosophies très différentes se côtoient. On passe de vins très cadrés à ceux des élèves de Jules Chauvet par exemple, un peu plus « rock and roll ». Et puis la diversité s’exprime aussi en termes de terroirs. On a dix crus et autant de palettes incroyables. Et au sein de ces crus, on distingue encore des lieux-dits et des parcelles aux profils spécifiques.
C’est un éventail qui nécessite une vraie représentativité sur une carte des vins. Je pense que cette région viticole est redevenue un grand classique. C’est pourquoi aujourd’hui, les dix crus du Beaujolais, c’est un minimum requis sur une carte des vins. Et où que l’on soit dans le monde ! »
Qu’est-ce que le concours du Meilleur Sommelier du Monde ?
« C’est un concours d’excellence qui met en avant notre métier devant le monde entier. Il met en lumière des candidates et candidats. J’espère que cette année ce sera une candidate française qui sera lauréate, Pascaline Lepeltier, que l’on soutient.
Ce concours, c’est une formidable résonnance pour le métier de sommelier et pour tous les acteurs de la filière. Les vignerons avec lesquels nous travaillons ne sont pas seulement des fournisseurs. Ce sont eux qui font évoluer nos restaurants, nos maisons et nos cartes des vins. »
En tant que coach, si l’on peut dire, de la candidate française, comment l’aidez-vous à se préparer au concours ?
« Je n’aurais pas la prétention d’être coach ! Mais partager des connaissances et faire tout ce que je peux pour aider Pascaline, ça c’est certain ! Elle peut compter sur l’équipe de l’Union de la Sommellerie Française pour l’accompagner au maximum.
Nous la recevons ici à l’Institut Paul Bocuse. Ici, elle peut réaliser des travaux en toute sérénité, prendre le temps de moments d’échanges et de partage. On y réunit aussi tous les gens que l’on sait compétents pour l’aider, qu’ils soient cuisiniers, sommeliers ou maîtres d’hôtel. Il y a toute une équipe pour l’accueillir et faire en sorte qu’elle reparte avec un petit supplément. Que ce soit pour elle ou pour le concours. »
Pour en savoir plus sur la sélection des vins qui seront présentés en marge du Concours du Meilleur Sommelier à Paris en 2023, cliquez ici !
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