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Recherche en Beaujolais : vers la viticulture de demain

En Beaujolais, la fibre pour la recherche viticole ne date pas d’hier. Insufflée par l’ingénieur et homme d’affaire Victor Vermorel à la fin du XIXème siècle, elle œuvre aujourd’hui encore pour l’amélioration de la qualité des vins mais aussi des pratiques agronomiques. Pleine de challenges, la viticulture de demain s’invente dès aujourd’hui grâce aux travaux des chercheurs du Beaujolais. Présentation des métiers et des projets d’étude en cours dans le vignoble.

Le Beaujolais, territoire historiquement à la pointe de la recherche sur la vigne et le vin

Victor Vermorel, chercheur et entrepreneur visionnaire du Beaujolais
Victor Vermorel – Archives Senat.fr

D’où vient la fibre beaujolaise pour la recherche viticole ?

Si la recherche sur la viticulture en Beaujolais avait un visage, ce serait celui de Victor Vermorel. Enfant des bords de Saône, le chercheur a fait avancer la connaissance sur la viticulture tout au long de sa vie. Visionnaire, celui qui prônait « le progrès par l’expérience » a fait du Beaujolais un haut lieu de la recherche vitivinicole.

Victor Vermorel a marqué les vignerons de la fin du XIXème siècle grâce à ses multiples inventions. Il est notamment, avec Pierre Viala, l’auteur de l’ouvrage historique « L’Ampélographie. Traité général de viticulture ». Paru en 1900, celui-ci documente et illustre les 5200 cépages répertoriés dans le monde et est encore aujourd’hui une référence.

Ampélographie, ouvrage de P. Viala et V. Vermorel, 1900
L’Ampélographie. Traité général de viticulture, Victor Vermorel et Pierre Viala, 1900
Petit Gamay, extrait de l'ouvrage Ampélographie, VIALA-VERMOREL 1900
Illustration du cépage gamay, L’Ampélographie. Traité général de viticulture, Victor Vermorel et Pierre Viala, 1900
Chardonnay, extrait de l'ouvrage Ampélographie, VIALA-VERMOREL 1900
Illustration du cépage chardonnay, L’Ampélographie. Traité général de viticulture, Victor Vermorel et Pierre Viala, 1900

Entre 1888 et 1897, Victor Vermorel a imaginé les lieux de recherche sur la vigne et le vin que nous connaissons aujourd’hui en Beaujolais. Il a créé la toute première station viticole au 210 boulevard Vermorel à Villefranche-sur-Saône. Cette adresse, où travaillent toujours les chercheurs, était initialement composée de laboratoires, d’une impressionnante bibliothèque mais aussi d’une mini-cuverie… L’entrepreneur a également fait du Château de l’Eclair, à Liergues, un domaine viticole expérimental. A l’époque, ces lieux suscitent la curiosité et des chercheurs du monde entier viennent les visiter. 

Des structures de recherche interconnectées en Beaujolais

Vous l’aurez compris, l’héritage de Victor Vermorel a donné sa forme actuelle à la recherche en Beaujolais. Son originalité ? Plusieurs organisations interconnectées qui travaillent main dans la main. Inter Beaujolais (organisation chargée du développement de la filière viticole) compte la recherche et l’expérimentation parmi ses missions. Celles-ci sont assurées par la SICAREX Beaujolais (Société d’Intérêt Collectif Agricole de Recherches et d’EXpérimentations) notamment grâce à un domaine viticole expérimental de 20 hectares. Le centre de recherche travaille en étroite collaboration avec le Pôle Bourgogne Beaujolais Jura Savoie de l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV). Implanté en 18 unités dans les régions viticoles françaises, ce dernier compte une équipe de 9 chercheurs dans le Beaujolais. Ces trois organisations sont toutes situées à la même adresse, surnommée le « 210 en Beaujolais » à Villefranche-sur-Saône.

La SICAREX Beaujolais et l’IFV réalisent nombre de leurs expérimentations sur la vigne et le vin au Château de l’Eclair. Le domaine, autrefois investi par Victor Vermorel, est aujourd’hui surnommé le « laboratoire à ciel ouvert du Beaujolais ». Bien que basées dans le Rhône, les équipes de la SICAREX Beaujolais et de l’IFV travaillent sur des projets à l’échelle locale, nationale et internationale. Les travaux de recherche ne se cantonnent pas aux enjeux régionaux. Ils concernent bien souvent le vignoble français dans son ensemble. 

Vendanges de parcelles expérimentales à la SICAREX Beaujolais © Studio Baalt 2021
Le Château de l’Eclair et son cuvage, domaine expérimental de la SICAREX Beaujolais © Château de l’Eclair

Sur le terrain, la chambre d’agriculture du Rhône se charge de transmettre aux vignerons, domaines et caves du Beaujolais les résultats de la recherche. Cela passe notamment par la formation, l’organisation de rencontres techniques ou encore l’animation de groupes de vignerons (Vigneron·ne·s du Vivant en Beaujolais  par exemple).

Bouteilles consignées, exemple d’un sujet de recherche transverse 

En Beaujolais, la recherche implique bien souvent à la fois la SICAREX Beaujolais, l’IFV, lnter Beaujolais et le Château de l’Eclair. C’est le cas par exemple pour une expérimentation sur le réemploi des bouteilles entamée en 2023.

Le saviez-vous ? Les calculs de l’IFV ont démontré que le conditionnement représente 40% à 50% de l’empreinte carbone globale de la filière. Pour réduire cet impact majeur il faut soit opter pour des bouteilles plus légères soit adopter un système de consigne.

Afin de fournir des données et un retour d’expérience, des recherches sont menées en Beaujolais à tous les niveaux. Le Pôle sensoriel de la SICAREX Beaujolais étudie l’image de la consigne auprès des acteurs de la filière. En parallèle, Inter Beaujolais établit un observatoire de la qualité des vins et du poids des bouteilles. Et enfin, le Château de l’Eclair commercialise une cuvée test de Beaujolais Nouveaux consignés. Les premiers retours d’expérience sont disponibles dans un livre blanc édité en fin d’année.

Mise en bouteille en Beaujolais – F.Ferrer 2020

La recherche en Beaujolais aujourd’hui : projets et innovations

Empreinte carbone, adaptation au réchauffement climatique, cépages résistants, attentes des consommateurs… les grands axes de recherche en Beaujolais

L’enjeu du siècle pour la viticulture va être de s’adapter à la nouvelle donne dictée par le réchauffement climatique. Ainsi, les travaux de recherche en Beaujolais visent avant tout à orienter les acteurs de la filière dans ce contexte. Cela peut être par la mesure d’empreinte carbone, des expérimentations agronomiques, l’exploration du matériel végétal ou encore l’étude des goûts des consommateurs…

 « Notre métier est de répondre aux questions que se posent les professionnels. Elles sont le reflet des attentes sociétales et des besoins du secteur ».

Bertrand Chatelet, Directeur de la SICAREX Beaujolais et du pôle Beaujolais-Bourgogne-Jura-Savoie de l’IFV

Mesurer l’empreinte carbone de la viticulture

Basé en Beaujolais, le Pôle Évaluation Environnementale de l’IFV étudie l’impact de la filière avec pour objectif de trouver des moyens de l’atténuer. Ce pôle s’applique à mesurer l’empreinte carbone des exploitations viticoles et met en perspective les données liées à chaque étape du cycle de vie du vin. Il réalise une veille constante et étudie de près les différentes pratiques pour orienter les professionnels cherchant à réduire l’empreinte carbone de leur entreprise.

Adapter les pratiques viticoles face au réchauffement climatique

L’adaptation au changement climatique est aussi un sujet de recherche pour le Pôle technique de l’IFV Beaujolais-Savoie. Des expérimentations agronomiques sont menées, dans le but de maintenir un rendement et une qualité de vin malgré le changement climatique. Le rôle de ces recherches est de proposer des solutions progressives et notamment des leviers d’actions à court terme (filets d’ombrage, modification du feuillage…) tout en gardant un oeil sur les solutions à plus long terme (cépages résistants notamment).

Présentation de résultats d’expérimentations lors de l’annuelle « Parcelle ouverte » de la SICAREX-IFV au Château de l’Eclair © Inter Beaujolais 2022
Essais de vinification de cépages résistants par la SICAREX-IFV au Château de l’Eclair © Studio Baalt 2021

Préserver le cépage emblématique du Beaujolais

Les chercheurs de la SICAREX Beaujolais remplissent encore aujourd’hui l’une de ses missions historiques : la sélection et la préservation de la diversité génétique du gamay. Ils entretiennent un impressionnant conservatoire composé de plus de 1000 gamay différents (originaires d’Italie, de Suisse, du Sud-Ouest…). Ce travail de préservation du végétal va encore plus loin avec le projet “Qanopee”. Porté par les vignobles du Beaujolais, de la Champagne et de la Bourgogne, il cherche à pré-multiplier des pieds de vignes sains dans une serre bioclimatique de 4500m2. L’objectif ? Sécuriser le patrimoine végétal des vignobles.

Grappe de gamay en Beaujolais
Grappe de gamay – E.Ramousse

> Lire aussi : « La viticulture de demain d’après les chercheurs du Beaujolais »

Créer des variétés capables de répondre aux enjeux du siècle

Plans de gamay - SICAREX Beaujolais - Jonas Jacquel
Jeunes plans de vigne – SICAREX Beaujolais – Jonas Jacquel

La création variétale est un “fil rouge” pour la SICAREX Beaujolais d’après son directeur, Bertrand Chatelet. Dès les années 70, le centre de recherche rejoint un programme inédit de l’INRAE et devient une référence en la matière. Travail au long court, la sélection variétale s’appuie notamment sur l’observation et la comparaison des 180 variétés de raisins plantées sur une parcelle du Château de l’Eclair. La SICAREX Beaujolais a notamment créé le gaminot, croisement entre le gamay et le pinot noir. Aujourd’hui, les équipes concentrent leurs recherches sur des variétés à la fois tolérantes aux maladies cryptogamiques et à la sécheresse. Certains cépages résistants créés sont d’ores et déjà plantés en Beaujolais. Le gamaret ou le voltis pour ne citer qu’eux, pourraient d’ailleurs rentrer dans le cahier des charges des appellations.

Identifier les attentes des consommateurs de demain

Afin de produire des connaissances pour la science et l’ensemble de la filière, un pôle d’analyse sensorielle a vu le jour en 2023. Son équipe d’ingénieurs mène des projets de recherche qui intéressent bien au-delà du vignoble beaujolais et même français. Ils mettent au cœur de la recherche le jugement sensoriel des consommateurs notamment via des groupes focus et des dégustations. Débuté en 2020, l’un des projets phares du pôle concerne la perception des vins sans sulfites ajoutés. Les conclusions de cette étude, menée auprès d’un panel de consommateurs et de professionnels, sortiront fin 2024.

Zoom sur GES&Vit, le premier outil de calcul d’empreinte carbone viticole, né en Beaujolais

Ges&Vit logo

Le Pôle Évaluation environnementale a mis les bouchées doubles pour répondre au besoin pressant de mesure de l’empreinte carbone des acteurs de la viticulture. Il a été le premier à proposer dès 2021 le premier outil capable de le faire. Baptisé GES&Vit, celui-ci a pour ambition d’appuyer la filière vin dans sa transition bas carbone.

Ges&Vit, l’outil de calcul d’empreinte carbone made in Beaujolais – Vidéo IFV & MarnieProduction

GES&Vit permet de poser un diagnostic sur les pratiques en place mais aussi de simuler différents modes de conduite de la vigne. Enfin, il donne les moyens d’agir grâce à un plan d’action visant à réduire l’empreinte carbone d’une exploitation viticole. Accessible sous réserve que l’on ait suivi une formation de prise en main, l’outil s’adresse à des conseillers et techniciens viticoles. De nombreux professionnels en France l’ont d’ores et déjà adopté.


Si Victor Vermorel a créé un terreau fertile pour la recherche viticole en Beaujolais, sa filière vin a su se structurer pour lui faire porter des fruits. C’est main dans la main que les équipes d’Inter Beaujolais, de la SICAREX Beaujolais, de l’IFV et de la Chambre d’agriculture du Rhône la font perdurer avec passion. Ancrés dans leur époque, leurs travaux de recherche sont des mines d’informations pour construire le vignoble de demain.

Curieux de connaître la vision de ces experts de la viticulture ? Rendez-vous prochainement sur l’article « La viticulture de demain d’après les chercheurs du Beaujolais »

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De futurs premiers crus en Beaujolais ?

Premiers crus : une démarche de montée en gamme portée par les vignerons. © Studio Baalt

Pissevieille, Côte du Py, La Madone, Champ de Cour… Avez-vous déjà prêté attention à ces inscriptions sur les bouteilles des crus du Beaujolais ? Que vous soyez familier ou non avec la notion de “vins de lieux”, nous vous expliquons ce qui se cache derrière, à l’heure où plusieurs crus caressent l’espoir de voir naître des premiers crus en Beaujolais.

Le Beaujolais, candidat aux premiers crus ? C’est en tout cas le chemin qu’empruntent certains des dix crus du vignoble. Les lieux-dits, entités géographiques reconnues dans le cadastre, étaient déjà recensés sur les cartes il y a plus de deux siècles. Aujourd’hui, les vignerons cherchent à faire reconnaître ces terroirs particuliers. Jusqu’à franchir la marche du classement en premier cru ? Retour sur cette démarche de longue haleine dont l’avancement varie selon les crus.

Beaujolais : un vignoble fait de crus et de lieux-dits 

Lieu-dit et premier cru, ça vous parle ?

Tout d’abord, que sont les lieux-dits et que signifie premier cru ? En ce qui concerne le vin, les lieux-dits sont un terroir précis et cadastré à l’intérieur d’une zone d’appellation. On en répertorie près de 600, rien que sur le secteur des crus du Beaujolais et chacun d’eux donne vie à des cuvées typiques. Les vignerons sont de plus en plus nombreux à en faire mention sur leurs étiquettes. Ensuite, un premier cru est un échelon supérieur aux crus dans la hiérarchie des vins. Il permet de reconnaître un terroir d’exception et des pratiques encadrées.

La mosaïque des sols du Beaujolais

Si la variété des terres du Beaujolais n’a pas échappé aux vignerons d’hier et d’aujourd’hui, c’est une véritable mosaïque des sols qui a été mise en lumière en 2018. En effet, une étude inédite -qui a duré 9 ans- a révélé plus de 300 types de sols issus de 15 grandes familles de roches. Pas étonnant donc que les vins du Beaujolais soient si différents, non seulement d’une AOC à une autre mais aussi d’un lieu-dit à un autre.

Des lieux-dits ancestraux

Les lieux-dits présents sur les 12 appellations sont un héritage viticole du Beaujolais. Des “porteurs de mémoire” racontent encore les anecdotes liées à ces endroits baptisés selon un fait historique, un patronyme ou encore une caractéristique naturelle du terrain. On retrouve d’ailleurs mention de certains lieux-dits sur d’anciennes cartes, étiquettes et déclarations de récoltes… La carte Budker de 1869 notamment recensait déjà pas moins de 200 lieux-dits ! En d’autres termes, l’approche parcellaire en Beaujolais ne date pas d’hier.

Carte Budker de 1869
Carte Budker de 1869. © Bibliothèque Nationale de France

Pourquoi le Beaujolais cherche-t-il à avoir ses premiers crus ?

Le parcellaire, partie intégrante de l’identité du Beaujolais

Qu’ils présentent leurs “cuvées lieux-dits” ou que leurs bouteilles en portent le nom, les vignerons du Beaujolais sont de plus en plus nombreux à avoir recours, comme leurs ancêtres, au parcellaire. En effet, conscients de la variabilité des sols qu’ils travaillent mais également décidés à proposer des gammes de vins singulières, ils créent des cuvées voire des micro-cuvées pour révéler le potentiel de chaque lieu-dit. Certains parlent alors de “vins de lieux”.

Premier cru : une démarche de montée en gamme portée par les vignerons

Ce sont les vignerons de chaque appellation eux-mêmes qui portent le projet de doter certains vins de la mention premier cru. Leur motivation ? L’envie que l’on considère les lieux-dits remarquables du Beaujolais à leur juste valeur et que leurs spécificités soient désormais reconnues. Enfin, dans la mesure où la présence de premiers crus est un gage de qualité pour le vignoble tout entier, c’est le Beaujolais dans son ensemble qui fera ainsi reconnaître sa montée en gamme.

Parcelles de Beaujolais vues du ciel
Parcelles de Beaujolais vues du ciel, © Vins du Beaujolais / © Etienne Ramousse

Le Beaujolais en route vers les premiers crus ?

Comment choisir les lieux-dits candidats aux premiers crus ?

Les vignerons ont sélectionné les lieux-dits susceptibles de devenir de premiers crus grâce à une méthode validée par l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO). Afin de justifier ces potentielles montées en gamme, l’institut exige la prise en compte des critères suivants :

  • revendication : les vignerons du lieu-dit le mentionnent-ils déjà sur leurs bouteilles et le revendiquent-ils à la récolte ?
  • notoriété historique : le lieu-dit est-il présent dans les archives (cartes, livres…) ?
  • notoriété contemporaine : les guides, magazines et concours le mentionnent-ils ?
  • dégustation : le lieu-dit a-t-il des typicités propres à la dégustation par rapport à l’appellation générique ? Lesquelles ?
  • valorisation : la mention du lieu-dit sur la bouteille lui donne-t-elle plus de valeur ? Met-elle en lumière l’attention particulière portée par le vigneron sur cette cuvée ? En d’autres termes, une cuvée “lieu-dit” est-elle valorisée économiquement ?

C’est l’évaluation de ces critères qui permet de classer les lieux-dits entre eux et, au final, de porter la candidature des mieux notés.

Qui dit premier cru dit pratiques encadrées

Mais en fait, qu’implique un classement en premier cru ? La montée en gamme s’accompagne de l’adoption de pratiques plus restrictives que pour le reste de l’appellation. Par exemple ? Les premiers crus demandent entre autres de diminuer les rendements lors de la récolte ou d’allonger la durée d’élevage des vins.

Afin d’harmoniser les démarches, un cahier des charges premier cru socle a été créé. Il est basé sur les pratiques recensées auprès des vignerons de chaque appellation. Les crus candidats à la montée en gamme sont libres d’aller plus loin.

Les 12 appellations du Beaujolais.
Les 12 appellations du Beaujolais. © Vins du Beaujolais

Fleurie, Brouilly et Moulin-à-Vent candidats aux premiers crus 

Où en sont les dix crus ?

Si les dix crus mettent en valeur leurs terroirs depuis toujours, c’est depuis 2019 qu’ils se sont tous engagés dans une démarche de reconnaissance de leurs lieux-dits, afin de définir avec plus de précision chaque terroir.

Ce travail pourra aboutir à terme à une reconnaissance de certains d’entre eux en premiers crus. Ce sera le cas prochainement pour Fleurie, Brouilly, Moulin-à-Vent, Côte de Brouilly et Juliénas. Pour les cinq autres, le travail de collecte de données se poursuit.

Les lieux-dits candidats aux premiers crus

Ce sont d’abord les vignerons de Fleurie qui ont ouvert la voie des candidatures aux premiers crus. Ils ont été suivis quelques mois plus tard par ceux de Brouilly et Moulin-à-Vent. Ils ont adopté la procédure de l’INAO afin de pouvoir arrêter une liste de lieux-dits à valoriser. Les candidats au titre de premiers crus votés en assemblée générale sont  :

  • 7 lieux-dits sur le cru Fleurie : Grille Midi, La Chapelle des Bois, La Madone, La Roilette, Les Garants, Les Moriers, Poncié
  • 16 sur le cru Brouilly : Briante, Combiaty, Combiliaty, Garanches, La Chaize, La Martingale, La Perrière, La Terrière, Les Maisons neuves, Marquisat, Pierreux, Pissevieille, Reverdon, Saburin, Saint Pierre, Voujon
  • 14 sur le cru Moulin-à-Vent : Au Michelon, Aux Caves, Carquelin, Champ de Cour, Chassignol, La Roche, La Rochelle, La Tour du Bief, le Moulin-à-Vent, Les Perrelles, Les Rouchaux, Les Thorins, Les Verillats et Rochegrès.

Et maintenant ? 

Si le plus gros du travail a été mené par les vignerons, les crus Fleurie, Brouilly et Moulin-à-Vent n’en sont pour autant qu’au début du parcours. Le dossier déposé par Fleurie est à l’étude par l’INAO, tandis que ceux de Brouilly et de Moulin-à-Vent sont en cours de finalisation. 

L’organisme administrateur des appellations d’origine débute son étude une fois le dépôt officiel des dossiers. Celle-ci peut prendre plus de dix ans et l’INAO peut y apporter de multiples ajustements. Patience donc, avant de voir naître pour de bon les premiers crus du Beaujolais !

Le Clos, lieu-dit du cru Chénas
Le Clos, lieu-dit du cru Chénas. © Jonas Jacquel

Les étapes vers la reconnaissance des premiers crus

  • 2009 – 2018 : étude inédite de caractérisation des terroirs du Beaujolais par le Cabinet d’étude pédologique Sigales
  • 2017 : lancement d’un projet de montée en gamme commun aux 10 Crus
  • Avril 2019 : création d’une méthode de travail afin de déterminer les lieux-dits candidats au classement en premier cru. 
  • 2019 – 2024 : enquêtes de pratiques, création de fiches lieux-dits, dégustations mensuelles orchestrées par chaque cru.
  • 28 mars 2023 : vote en assemblée générale du cru Fleurie pour 7 lieux-dits candidats 
  • 16 octobre 2023 : vote en assemblée générale du cru Brouilly pour 16 lieux-dits candidats
  • 22 novembre 2023 : Fleurie dépose officiellement son dossier auprès de l’INAO
  • 19 décembre 2023 : vote en assemblée générale du cru Moulin-à-Vent pour 14 lieux-dits candidats
  • Courant 2024 : dépôts officiels des dossiers pour les crus Brouilly et Moulin-à-Vent.
  • Horizon 2035 : officialisation des lieux-dits dotés du classement en “premiers crus”


Désormais, les lieux-dits du Beaujolais et leur potentiel pour viser les premiers crus n’ont plus de secrets pour vous. 

Avec cette démarche de montée en gamme, les dix crus reconnaissent que le Beaujolais possède un trésor sous ses pieds (de vignes!) et partagent un objectif : définir avec plus de précision chaque terroir.

Cette réappropriation par les vignerons de leurs lieux-dits est d’ores et déjà en train de changer le visage du vignoble du Beaujolais.

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Les blancs du Beaujolais, des pépites à découvrir

Saviez-vous qu’en France les vins blancs ont dépassé les rouges dans le cœur des consommateurs* ? Que le chardonnay est de loin le cépage préféré des français ? Ça tombe bien, car c’est justement celui que travaillent les domaines, caves et maisons de vins du Beaujolais pour produire des vins blancs. Portrait de pépites prisées par les connaisseurs !

*Source : Baromètre SOWINE/Dynata 2024

Blanc du Beaujolais, quel est ton profil ?

Les appellations Beaujolais blanc et Beaujolais Villages blanc sont de vraies révélations pour qui les découvre. S’ils sont tous élaborés à partir de chardonnay, ces vins blancs s’expriment différemment d’une cuvée à une autre et sont de véritables révélateurs de terroir.

Beaujolais et Beaujolais Villages blanc © Studio Baalt 2021
Les blancs du Beaujolais se déclinent en AOC Beaujolais et Beaujolais Villages © Studio Baalt 2021

Les Beaujolais blancs emplissent leur bouquet de fleurs blanches mais aussi de notes de fruits à chair blanche et d’agrumes. L’appellation Beaujolais Villages blanc est connue pour ses parcelles héroïques : des terroirs spécifiques, très pentus, aux sols variés (granites, pierres bleues, calcaires…). Les vins blancs produits sous cette appellation offrent une minéralité et une certaine intensité

Coté vinification, les vins blancs du Beaujolais sont en général élaborés après une presse directe des grappes de chardonnay et une fermentation d’une quinzaine de jours en cuve. Les élevages se font parfois en fût de chêne mais aussi en foudre. Connus pour leur excellent rapport qualité-prix, les Beaujolais blancs et Beaujolais Villages blancs ont conquis les amateurs de vins depuis quelques années déjà.

Du sud au nord du Beaujolais, des terroirs propices au Chardonnay

Ce n’est un secret pour personne, sols argilo-calcaires et chardonnay font bon ménage. Les plus grands terroirs à vins blancs sont calcaires. Par chance, le Beaujolais compte lui aussi des sols argilo-calcaires. Situées principalement dans les Pierres Dorées et aux portes du Mâconnais, ces zones comptent de nombreuses parcelles de chardonnay.

-> En savoir plus sur les sols du Beaujolais.

Carte des sols du Beaujolais, 2018 © Sigales
Carte des sols du Beaujolais, 2018 © Sigales

Sonja Geoffray, vigneronne au Château Thivin, produit deux vins blancs dont le Beaujolais blanc “Clos de Rochebonne” dans les Pierres Dorées. Élevé en fût, c’est un vin complexe en bouche, sur la minéralité. Dans cette zone du sud du Beaujolais, connue pour ses pierres calcaires aux couleurs chatoyantes, un groupe de vignerons revendique la typicité de ses vins. En effet, depuis plusieurs années, la mention “Pierres Dorées” s’est faite une place sur leurs étiquettes.

Chardonnay dans les vignes du Beaujolais, Studio Baalt 2021
Seau de chardonnay, vendanges en Beaujolais © Studio Baalt 2021
Beaujolais blanc, Château Thivin, Clos de Rochebonne 2021
Beaujolais blanc Pierres Dorées, Château Thivin Clos de Rochebonne © Studio Baalt 2021

“En misant sur le chardonnay, on donne un nouveau souffle à la magnifique région que sont les Pierres Dorées.”

Sonja Geoffray, Château Thivin

Les blancs du Beaujolais ne se produisent pas uniquement sur des sols argilo-calcaires. Les domaines, maisons et caves ayant des parcelles de chardonnay en Beaujolais Villages expérimentent sur différents sols (granites et pierres bleues notamment). Les résultats dans le verre sont surprenants, preuve que le profil organoleptique du chardonnay varie d’une parcelle à une autre. Cette richesse des sols du Beaujolais fait la richesse et la variétés de ses vins blancs.

Dans le nord du vignoble, les domaines, maisons et caves sont eux aussi en quête de reconnaissance pour la qualité de leurs blancs. Ils se font plus précis sur leurs étiquettes, afin d’affirmer leur singularité. On peut désormais lire sur les bouteilles des noms de communes telles que “Beaujolais Leynes blanc”, “Beaujolais Lantignié blanc”…

Sébastien Besson du Domaine du Penlois à Lancié fait partie d’un groupe de vignerons bien décidé à faire reconnaître les blancs produits sur la colline du Chatelard. Quatrième génération sur le domaine, il a vu ses vins trois fois récompensés au concours du meilleur chardonnay du monde

A quelle occasion et avec quoi déguster des Beaujolais blancs ? 

Les vins blancs du Beaujolais se dégustent idéalement jeunes. En effet, ils développent en général leur potentiel dans les 5 années qui suivent leur production. Certaines grandes cuvées peuvent toutefois avoir un beau potentiel de garde. Ce sont des bouteilles qui s’ouvrent à l’envie et s’apprécient de préférence entre 10 et 12°. Si l’on associe bien souvent le blanc à l’apéritif, les Beaujolais blancs ont toute leur place avec le plat principal

Par exemple ? Un curry de chou-fleur, un saumon en croûte d’épices ou même un mac n cheese se marieront à merveille avec les blancs du Beaujolais.

Beaujolais Villages blanc et mac n cheese, Emma Vernay 2024
Mac’n’cheese et Beaujolais Villages blanc Axiome, Domaine Les Capréoles, © Emma Vernay 2024

Sonja Geoffray aime son Beaujolais blanc avec une quiche, tout simplement, ou bien des poissons, grillés comme en sauce. Sébastien Besson, lui, recommande ses blancs tantôt avec des viandes blanches, du fromage de chèvre ou des fruits de mer. Sa cuvée “La Criée”, caractéristique par sa fraîcheur, appelle pour lui un plateau d’huîtres en bonne compagnie.

Verre de Beaujolais blanc © Studio Baalt 2021
Verre de Beaujolais blanc © Studio Baalt 2021
Sébastien Besson, vigneron à Lancié, Beaujolais
Sébastien Besson, vigneron à Lancié, Beaujolais

“Travailler le chardonnay est passionnant, d’autant plus quand on a un joli terroir comme le nôtre. Nos blancs se marient à merveille avec un plateau d’huîtres ou lors d’un mâchon en bonne compagnie”

Sébastien Besson, Domaine du Penlois

D’une grande qualité, les Beaujolais blancs, de même que les Beaujolais rosés, gagnent à être (re)connus. Avec un cépage plébiscité dans le monde entier -qui peut se targuer d’avoir un “Chardonnay-day”-, des terroirs variés et des vignerons bien décidés à en tirer le meilleur, les blancs du Beaujolais ont l’avenir devant eux ! 

Les chiffres clés des blancs du Beaujolais en 2023 :

  • En volume, 4 % des vins produits
  • 574 hectares de vignes récoltés
  • Près de 450 producteurs
  • 2,3 millions de bouteilles en appellation Beaujolais et 930 000 en Beaujolais Villages
Grains de chardonnay du Beaujolais, Studio Baalt 2021
Baie de chardonnay © Studio Baalt 2021
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Un Moulin-à-Vent élu Meilleur Gamay du Monde 2024

Le samedi 13 janvier dernier, le 14ème Concours International du Gamay se déroulait à la Cité Internationale de Lyon. 811 cuvées provenant de 4 pays différents (France, Suisse, Italie, Brésil) se sont disputé le titre tant convoité. Et après un Brouilly en 2022, puis un Côte de Brouilly l’an dernier, c’est un Moulin-à-Vent qui a remporté le trophée !

Découvrez-en plus sur les 12 appellations du Beaujolais.

Un nombre record de dégustateurs

C’est un rendez-vous à ne pas manquer pour certains professionnels du vin et amateurs éclairés. 181 d’entre eux étaient attendus ce 13 janvier afin de déguster à l’aveugle les très nombreuses cuvées inscrites au concours. Une première dégustation a permis de départager médailles d’or et d’argent.

A l’issue de cette sélection, un grand jury composé d’experts (un professeur de sommellerie, un œnologue, un restaurateur, une caviste, une sommelière) a dégusté de nouveau à l’aveugle les cuvées médaillées d’or afin de déceler la meilleure. C’est donc finalement le Moulin-à-Vent cuvée Vieilles Vignes 2023 du Domaine de Colonat qui a été élu Meilleur Gamay du Monde 2024.

267 gamays récompensés par une médaille

267 médailles, dont 164 Or et 103 Argent, ont été octroyées aux meilleurs gamays de cette dégustation. Le jury a également décerné une mention spéciale au meilleur vin suisse : l’AOC Coteau de Peissy, Domaine des Charmes, Le Baron Rouge Vieilles Vignes 1er cru 2022, 100% gamay.

Retrouvez le palmarès complet sur le site officiel du concours.

Concours International du Gamay – © VBerlanda
Moulin-à-Vent Vieilles Vignes 2023 – Domaine de Colonat
Julie et Thomas Collonge

Le Meilleur Gamay du Monde est un Moulin-à-Vent

Le trophée du « Meilleur Gamay du Monde » 2024 a été attribué au Moulin-à-Vent Vieilles Vignes 2023 du Domaine de Colonat.

Vignerons depuis 9 générations, la famille Collonge exploite 12 hectares de vignes et produit des vins en AOC Morgon, Moulin-à-Vent, Chiroubles, Brouilly, Régnié et Beaujolais blanc. Après des études en viticulture-oenologie, Thomas se forme en France et à l’étranger, puis rejoint le domaine familial. S’en suivent 10 années de transmission de savoir-faire auprès de ses parents. Depuis 2018, Julie et Thomas Collonge continuent de développer le domaine. La connaissance de leurs meilleurs terroirs leur permet notamment de proposer 5 cuvées parcellaires, en AOC Moulin-à-Vent et Morgon.

« Nous avons identifié au Domaine de Colonat trois éléments qui nous semblent essentiels pour produire des grands vins : nos vieilles vignes, le choix de la date de récolte et le tri des raisins à la récolte. » confie Thomas Collonge.

On retrouve dans cette cuvée trois lieux-dits de l’appellation Moulin-à-Vent : les Greneriers, Bois Pontdevaux et Maison Neuve. Les terroirs argilo-granitiques offrent une disponibilité hydrique limitée mais régulière aux vignes âgées de 61 à 93 ans. L’élevage a été réalisé en cuve béton afin de préserver le fruité et la fraîcheur.

L’appellation Moulin-à-Vent fête son centenaire en 2024 : retrouvez toutes leurs actualités à cette adresse.

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Millésime 2020 en Beaujolais : le millésime de la décennie

Carnet millésime 2020

S’il a connu de beaux millésimes ces dernières décennies, le millésime 2020 en Beaujolais en est l’un des plus grands. Grâce aux conditions exceptionnelles qu’il a offertes, les vignerons ont pu donner naissance à leurs vins signatures.

Retour sur les facteurs qui ont marqué cette grande année.

2020 : des conditions climatiques excellentes

Très précoce, l’année 2020 s’est caractérisée par un temps sec et chaud (voire caniculaire durant l’été). Ces conditions ont été gage d’un très bon état sanitaire des vignes et d’une maturation optimale des raisins. Quelques pluies et baisses de températures survenues aux bons moments ont évité la sur maturité des baies et la diminution drastique des rendements. En Beaujolais, tous les producteurs s’accordent à dire que ces conditions très favorables ont donné de grands vins.

Gamay en été
Gamay en été – Vins du Beaujolais / Etienne Ramousse

« Puissance, équilibre, fraîcheur, gourmandise, fruité, rondeur et complexité… tout y est ! »

Philippe Viet, vigneron à Régnié-Durette

2020 : maturité, fraîcheur et équilibre

Tels sont les maîtres-mots des vins du millésime 2020 en Beaujolais.

La chaleur du climat a ainsi aidé à atteindre de belles maturités des raisins, mais également des rafles. Cela a permis à de nombreux vignerons de choisir leur style, entre puissance et élégance.

Couverts végétaux, paillage, macérations longues, mais aussi vinifications à basse température ou encore élevages prolongés… 2020 a souvent été l’occasion de repenser ses modes de production pour « découvrir des vins aux styles uniques, offrant de nouvelles possibilités d’accords gastronomiques ».

Si la concentration en alcool était importante, elle a in fine été compensée par une belle fraîcheur. Grâce à cette alliance des sucres et des acides, un véritable équilibre caractérise les vins de 2020.  

Millésime 2020 : une expression propre au terroir

Selon les particularités de leur terroir, les vins du millésime 2020 en Beaujolais se déclinent en des profils très variés : en fonction de l’exposition des parcelles, de la structure du sol ou encore de sa profondeur. Pour en savoir plus sur la diversité des sols du vignoble du Beaujolais, consultez la page Le Vignoble du Beaujolais, une mosaïque de sols).

En effet, les vins ont tantôt gagné en puissance, prenant des notes de fruits noirs, d’épices et d’herbes aromatiques du sud, tantôt en finesse, dévoilant des arômes plus frais, vifs, et des tanins délicats.

Ainsi, d’une appellation à une autre, parfois même d’une parcelle à une autre, les profils aromatiques des vins ont varié grâce à la géologie extrêmement riche du vignoble.

Les Roches du Beaujolais
Les Roches du Beaujolais – Floriane Tanneur / Vins du Beaujolais

Enfin, quels que soient leurs caractères et nuances, les vins du millésime 2020 en Beaujolais promettent un très beau potentiel de garde. De toute évidence, des vins qui traverseront les âges… !

Le millésime 2020 est si singulier qu’un carnet lui a été dédié. Retrouvez plus d’informations et de témoignages dans le Carnet Millésime 2020 :

Pour commander le Carnet Millésime 2020 en version papier, rendez-vous sur la Boutique en ligne.

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Meilleur Sommelier du Monde 2023 : le programme du concours pour les vins du Beaujolais

Du 7 au 12 février 2023, la France accueille le Concours du Meilleur Sommelier du Monde 2023. Les épreuves ont débuté ce mercredi ! Et comme les vins du Beaujolais sont partenaires de l’événement, ils sont présents tout au long de la semaine pour accompagner cet événement exceptionnel. Alors, quel est le programme pour les vins du Beaujolais ?

Les vins du Beaujolais servis à table pendant la semaine du concours

Tout au long de la semaine sont servis à table des vins du Beaujolais présélectionnés par un exigeant jury. Que ce soit lors des déjeuners ou des dîners, les Beaujolais d’exception sont présents sur les tables des délégations ! Ainsi, les 68 candidats au concours et leur équipe peuvent découvrir la fine fleur des 12 appellations beaujolaises.

Et pour finir la semaine en beauté, a lieu dimanche un dîner de gala qui met fin à la journée de finale et la cérémonie de clôture. Bien évidemment, un Beaujolais sera servi durant ce repas d’anthologie, et il s’agit du Saint-Amour, Mont Besset du domaine Les Sources d’Agapé, millésime 2020.

Les producteurs présents au concours pour faire déguster leurs vins du Beaujolais

Mardi 7 février, à l’arrivée des partenaires, des candidats et des délégations, les vins du Beaujolais sont servis au salon d’accueil.

-> Par ici pour voir les cuvées dégustées par les sommeliers à leur arrivée au Concours du Meilleur Sommelier du Monde 2023.

En marge des épreuves, les candidats et leur équipe ont accès au Bar des Sommeliers. C’est un espace dédié aux délégations pour se détendre et découvrir les produits des partenaires. Dans ce contexte, les caves, maisons et domaines du Beaujolais sont bien évidemment présents avec un stand aux couleurs de notre beau vignoble ! Et tous les jours, c’est un thème différent qui réunit les producteurs représentés. Terroir d’altitude, sols de pierres bleues, de granites, vieux millésimes, démarche « premiers crus », …

Alors chaque soir, à partir de 17h00, les vignerons se relaient pour faire déguster les vins du Beaujolais, Nouvelle Génération !

-> Découvrez ici les cuvées disponibles à la dégustation au Bar des Sommeliers.

Samedi 11 février : masterclass « Le Beaujolais, la diversité d’un vignoble »

Le vignoble du Beaujolais bénéficie d’une extraordinaire richesse de terroirs, avec plus de 300 types de sols, une variété d’altitudes, d’expositions et d’influences climatiques qui offrent autant de profils de vins différents ! Chaque lieu-dit exprime une identité propre qui se révèle dans le verre et déploie ses nuances au fil du temps.

-> Intéressé par les terroirs ? Découvrez le mini-film documentaire Le vignoble du Beaujolais, une mosaïque de sols

Une masterclass « Le Beaujolais, la diversité d’un vignoble » est donnée samedi à 11h00 aux sommeliers venus du monde entier à l’occasion du Concours.
Elle est animée par Gaëtan Bouvier, Meilleur Sommelier de France 2016 et Meilleur Ouvrier de France sommellerie 2022, Marine Descombe, Famille Descombe, et Edouard Parinet, Château du Moulin-à-Vent.

-> Pour assister à la masterclass en direct Rendez-vous sur le livestream !
-> Voir l’interview exclusive de Gaëtan Bouvier.

A l’approche du concours, nous avons rencontré la nouvelle génération de sommeliers ! Et notamment Pier-Alexis Soulière, le candidat canadien. Lire la suite…

Crédits photos : © ASI & HRVPROD

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Tête-à-tête avec la nouvelle génération de sommeliers

Partout dans le monde, des tables gastronomiques font la part belle aux vins du Beaujolais. Il faut dire qu’ils offrent une grande diversité de profils aromatiques. Et par conséquent, de nombreuses possibilités d’accords mets et vins.

A la veille du concours du Meilleur Sommelier du Monde, nous avons rencontré 3 grands sommeliers. Il font partie d’une « nouvelle génération » qui casse les codes, à l’image, d’ailleurs, du vignoble du Beaujolais. Rencontre en tête-à-tête avec ces personnalités de la sommellerie.

« Les Beaujolais, on peut les servir frais pour les entrées, et à température ambiante pour le plat principal »

Seika Hosokawa, ex-sommelière au Royal Monceau, Prince de Galles et Jules Verne*, Paris

Seika Hosokawa est une sommelière japonaise. Elle a exercé dans les restaurants du Royal Monceau, du Prince de Galles et dernièrement au Jules Verne*. Elle nous donne des clés pour comprendre les différents profils de vins du Beaujolais. D’après Seika, ils possèdent une véritable dimension gastronomique. Découvrez les délicieux accords mets et vins qu’elle nous propose. 


« Je pense qu’il est nécessaire d’avoir sur une carte des vins tous les crus du Beaujolais »

Matthias Meynard, chef sommelier au restaurant La Scène**, Paris

Matthias Meynard est chef sommelier au restaurant La Scène**. Il aborde la grande diversité du vignoble et de ses profils de vins. Pour lui, ce sont de vrais atouts sur une carte de grand restaurant. Le sommelier évoque ensuite la porosité du gamay à son terroir. De toute évidence, le gamay sait faire varier ses nuances organoleptiques en fonction de sa provenance. Pour finir, Matthias nous partage son coup de cœur… 


« Jusqu’à ma mort, il y aura toujours un Beaujolais au verre »

Pier-Alexis Soulière, Master Sommelier, Québec

Pier-Alexis Soulière est Master Sommelier canadien et candidat au Concours du Meilleur Sommelier du Monde. Il nous reçoit au restaurant Le Clan, Vieux-Québec. En tant que candidat, il nous explique en quoi consiste ce concours et ce que représente le titre d’ailleurs très convoité de « Meilleur Sommelier du Monde ». Il nous parle du plaisir que procure le gamay, mais aussi de son potentiel de garde. Il nous fait part, en somme, de sa passion pour les vins du Beaujolais.  


Les vins du Beaujolais sont partenaires du Concours du Meilleur Sommelier du Monde, Paris 2023. Pour en savoir plus, cliquez ici !

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Meilleur Gamay du Monde 2023 : le trophée reste en Beaujolais

Dégustation de vins - crédit V Berlanda

Le Concours International du Gamay, 13ème édition, a eu lieu à la Cité Internationale de Lyon samedi 14 janvier dernier. A cette occasion, 729 vins en provenance de 4 pays et issus du cépage gamay étaient en lice pour prétendre au titre de « Meilleur Gamay du Monde » 2023. Et comme en 2022, le trophée a été remis à une cuvée en AOC beaujolaise.

-> Découvrir les 12 appellations du Beaujolais

Un jury de 168 dégustateurs

168 dégustateurs, professionnels du vin ou amateurs éclairés ont pu déguster à l’aveugle les cuvées présentées. Ils ont ainsi attribué des médailles (or et argent) aux vins les plus méritants.

À l’issue de la dégustation, un « super jury », composé de 5 experts (deux sommeliers, une œnologue, un maître de chai et un amateur expérimenté), a dégusté à nouveau une sélection restreinte – les médaillés d’or. Ce dernier a pu départager les vins présélectionnés afin d’élire le « Meilleur Gamay du Monde » 2023.

229 médailles ont récompensé les meilleurs gamays

Au total, les jurés ont attribué 229 médailles dont 119 médailles d’or et 110 médailles d’argent à l’issue de la dégustation. En outre, le meilleur vin de Suisse décroche une mention spéciale : AOC Genève, Domaine de la Planta, La Révolution 2021, 100 % gamay.

-> Tout savoir sur le cépage gamay.

-> Pour retrouver le palmarès complet, cliquez ici.

Le Côte de Brouilly de Nicole et Romain Chanrion
Le Côte de Brouilly de Nicole et Romain Chanrion
Lyon. Concours International du Gamay 2023
Lyon. Concours International du Gamay 2023
© V. Berlanda
168 cuvées de gamays ont été dégustées à l'aveugle
168 cuvées de gamays ont été dégustées à l’aveugle
© V. Berlanda

Le « Meilleur Gamay du Monde » 2023 est un Côte de Brouilly

Le trophée du « Meilleur Gamay du Monde » 2023 revient donc au Côte de Brouilly 2020 du Domaine Nicole et Romain Chanrion.

Nicole et Romain Chanrion
© Vins du Beaujolais, E. Ramousse

Vignerons depuis 8 générations, la famille Chanrion exploite 7 hectares de vignes sur les différents versants du Mont Brouilly. Nicole Chanrion, formée en premier lieu au lycée viticole de Beaune, retrouve ses racines dans le Beaujolais en reprenant en 1979 le domaine familial, à la suite d’une expérience dans la Napa Valley en Californie. Elle est alors l’une des premières femmes à devenir viticultrice et gérer un domaine.

Son fils Romain Chanrion, quant à lui, est d’abord ingénieur dans le secteur de l’énergie. Il décide malgré tout en 2014 de se consacrer pleinement à sa passion en rejoignant progressivement le domaine.

Photo : Romain et Nicole Chanrion
© Vins du Beaujolais, E. Ramousse

De toute évidence, le vin récompensé représente bien le caractère des Côte de Brouilly 2020. En effet, plusieurs lieux-dits sont réunis dans cette cuvée : Les Crozes, Chardignon, Godefroy, Le Pavé et une petite parcelle sur Brulhié, couvrant ainsi différents versants de la colline. Tout d’abord, c’est grâce à une vinification et un élevage parcellaire que les spécificités de ces terroirs se révèlent. Vient ensuite l’assemblage, qui apporte au vin puissance, élégance, fraîcheur et minéralité tout en préservant un parfait équilibre.

Romain Chanrion ajoute : « L’année 2020 a été marquée par un épisode caniculaire soutenu sur la colline de Brouilly. Nous avons donc dû nous adapter sans oublier les principes fondamentaux de la vinification traditionnelle beaujolaise (macération semi-carbonique et élevage en foudre de chêne). Et dans ce contexte, beaucoup de détails ont leur importance. L’alchimie a heureusement été trouvée. Nous en sommes heureux ! »

Prix de vente TTC de cette cuvée désormais très recherchée : autour de 20 €. (contacter le domaine)

-> Pour plus de détails, consultez l’article officiel du Concours International du Gamay.

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Rencontre avec Gaëtan Bouvier, sommelier

Les Vins du Beaujolais sont partenaires du Concours ASI du Meilleur Sommelier du Monde, Paris 2023. En prévision de cette grande occasion, nous avons rencontré Gaëtan Bouvier, Meilleur Sommelier de France 2016 et Meilleur Ouvrier de France Sommellerie (MOF) 2022. Il témoigne sur les vins d’exception du Beaujolais.

Entretien réalisé lors de la dégustation des Beaujolais d’Exception à l’Institut Paul Bocuse & Restaurant Saisons* – Ecully, Octobre 2022, en vue du Concours du Meilleur Sommelier du Monde 2023. Vidéo disponible en fin d’interview.


Quel était l’objet de la dégustation d’aujourd’hui ?

« Le but était de sélectionner les cuvées qui incarneront le Beaujolais lors du concours du Meilleur Sommelier du Monde. Avec Philippe Faure-Brac et Laurent Derhé, nous avons fait équipe pour déguster différents crus ainsi que des Beaujolais et Beaujolais Villages, en blanc comme en rouge. Et nous avons fait ressortir ce que nous considérions comme la quintessence des cuvées présentées. Ce moment privilégié nous a permis de faire de très belles découvertes que nous avons hâte de voir présentées au monde de la sommellerie en février prochain ! »

*Les vins sélectionnés seront présentés aux sommeliers venus du monde entier, en marge des épreuves du concours du Meilleur Sommelier du Monde 2023.

Qu’est-ce qui vous a marqué, vous, Gaëtan Bouvier, sommelier ?

« Pour un sommelier qui travaille en région lyonnaise, le potentiel du Beaujolais n’est pas un scoop ! Et d’ailleurs il s’est encore vérifié en dégustation à l’aveugle ce matin. Certains crus que j’apprécie particulièrement m’ont aussi démontré la qualité collective du travail des vignerons, sur différentes cuvées. C’était très intéressant de constater que certaines parcelles, dont j’avais dégusté les vins un an auparavant, se révèlent pleinement aujourd’hui dans leur évolution. »

Qu’avez-vous pensé des blancs ?  A quoi ressemble un chardonnay du Beaujolais ?

« J’ai trouvé les vins blancs brillants, lumineux. Ceux que nous avons sélectionnés sont souvent marqués par des notes acidulées, ils sont frais, francs et directs. C’est comme cela qu’on les aime. On y retrouve souvent un caractère citronné, mais aussi une certaine pondération.

Ce qui fait la différence, en vérité, ce sont leurs spécificités géologiques. Entre terroirs granitiques et terroirs argilo-calcaires, les sols marquent à jamais le touché de bouche et la vivacité du vin. Ces deux grandes familles géologiques du Beaujolais font du cépage chardonnay une véritable éponge à terroir. Et en fin de compte, cela se retranscrit à merveille dans le verre ! »

Vous parlez des différents terroirs qui caractérisent le Beaujolais ; est-ce que cette diversité s’est ressentie dans la dégustation ?

« La mosaïque géologique du Beaujolais s’est clairement révélée dans les verres. On a souvent tendance à simplifier le vignoble du Beaujolais en parlant de granite. Mais il y a tant de lieux-dits, de micro-terroirs et de textures de sol que cela change complètement la qualité intrinsèque des vins. L’altitude et l’exposition des crus vallonnés s’est notamment exprimée dans la dégustation. Je repense à « l’Héronde » par exemple, un très joli lieu-dit du cru Côte-de-Brouilly. Il est ressorti chez plusieurs vignerons ce matin, ce qui est bien la preuve que les terroirs marquent la qualité des vins. »

Gaëtan Bouvier, avez-vous eu des coups de cœur ?

« Oui, et plusieurs ! J’ai adoré le Domaine des Marrans à Fleurie, ou encore le Saint-Amour du Château des Bachelards. Le Moulin-à-Vent de Richard Rottiers m’a séduit quant à lui sur les Thorins, un magnifique terroir de Romanèche. J’ai aussi retrouvé le Château des Jacques, un grand classique. C’est comme écouter du Mozart : c’est toujours beau et bien fait ! Enfin le Domaine des Nugues, également sur Fleurie, m’a bousculé en dégustation par son incroyable puissance de concentration. »

Vous avez dégusté des vins ayant pris un peu d’âge, plus de dix ans pour certains. Qu’en avez-vous pensé ?

« Il faut sortir de l’idée que le Beaujolais est un vin qui se boit seulement jeune. Bien sûr, à première vue, le gamay a sur certaines cuvées cette capacité à retranscrire un caractère très aromatique. Il offre un fruité croquant et séducteur dans sa jeunesse.

Mais les vignerons vont aussi chercher une profondeur de terroir. Le gamay, quand il pondère et s’assagit avec le temps, développe d’incroyables caractères fumés sur les granites notamment. Pour moi ce sont là de grandes, grandes bouteilles, capables de rivaliser avec les plus beaux crus du monde. On peut alors sortir des habitudes gastronomiques des plats canailles. Et on peut partir par exemple sur des civets de la mer ou sur des travaux de cuisinier très élaborés.

Le Beaujolais, c’est aussi un grand vin gastronomique ! »

Quel rôle jouent les vins du Beaujolais sur une carte des vins ?

« D’abord, ils correspondent au goût des 25-40 ans, ce qui est une bonne chose pour l’avenir. En fait, la clientèle jeune apprécie les tanins assez délicats du gamay, son fruit, sa gourmandise. Il est vrai que le gamay offre une immédiateté que même les grands vins du Beaujolais sont capables de livrer.

Et puis aujourd’hui, dans le Beaujolais, il y a de plus en plus de diversité. En termes de vinification, par exemple, des philosophies très différentes se côtoient. On passe de vins très cadrés à ceux des élèves de Jules Chauvet par exemple, un peu plus « rock and roll ». Et puis la diversité s’exprime aussi en termes de terroirs. On a dix crus et autant de palettes incroyables. Et au sein de ces crus, on distingue encore des lieux-dits et des parcelles aux profils spécifiques.

C’est un éventail qui nécessite une vraie représentativité sur une carte des vins. Je pense que cette région viticole est redevenue un grand classique. C’est pourquoi aujourd’hui, les dix crus du Beaujolais, c’est un minimum requis sur une carte des vins. Et où que l’on soit dans le monde ! »

Qu’est-ce que le concours du Meilleur Sommelier du Monde ?

« C’est un concours d’excellence qui met en avant notre métier devant le monde entier. Il met en lumière des candidates et candidats. J’espère que cette année ce sera une candidate française qui sera lauréate, Pascaline Lepeltier, que l’on soutient.

Ce concours, c’est une formidable résonnance pour le métier de sommelier et pour tous les acteurs de la filière. Les vignerons avec lesquels nous travaillons ne sont pas seulement des fournisseurs. Ce sont eux qui font évoluer nos restaurants, nos maisons et nos cartes des vins. »

En tant que coach, si l’on peut dire, de la candidate française, comment l’aidez-vous à se préparer au concours ?

« Je n’aurais pas la prétention d’être coach ! Mais partager des connaissances et faire tout ce que je peux pour aider Pascaline, ça c’est certain ! Elle peut compter sur l’équipe de l’Union de la Sommellerie Française pour l’accompagner au maximum.

Nous la recevons ici à l’Institut Paul Bocuse. Ici, elle peut réaliser des travaux en toute sérénité, prendre le temps de moments d’échanges et de partage. On y réunit aussi tous les gens que l’on sait compétents pour l’aider, qu’ils soient cuisiniers, sommeliers ou maîtres d’hôtel. Il y a toute une équipe pour l’accueillir et faire en sorte qu’elle reparte avec un petit supplément. Que ce soit pour elle ou pour le concours. »


Pour en savoir plus sur la sélection des vins qui seront présentés en marge du Concours du Meilleur Sommelier à Paris en 2023, cliquez ici !

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Rencontre avec Philippe Faure-Brac, sommelier

Les Vins du Beaujolais sont partenaires du Concours ASI du Meilleur Sommelier du Monde, Paris 2023. A l’occasion de ce prestigieux événement, nous avons rencontré Philippe Faure-Brac, Meilleur Sommelier du Monde 1992. En tant que président de l’Union de la Sommellerie Française, il s’exprime sur les vins d’exception du Beaujolais.

Entretien réalisé lors de la dégustation des Beaujolais d’Exception à l’Institut Paul Bocuse & Restaurant Saisons* – Ecully, Octobre 2022, en vue du Concours du Meilleur Sommelier du Monde 2023. Une vidéo de Philippe Faure-Brac, sommelier est disponible en fin d’interview.


« Je m’appelle Philippe Faure-Brac, je suis sommelier-restaurateur à Paris. Je suis président de l’Union de la Sommellerie Française (UDSF) et Meilleur Sommelier du Monde 1992. De ce fait, j’ai la charge de l’organisation, avec mon équipe, du prochain concours du Meilleur Sommelier du Monde. Rendez-vous du 7 au 12 février 2023 à Paris. »

Pouvez-vous nous dire un mot sur la dégustation d’aujourd’hui et l’objectif de cet événement ?

« L’événement d’aujourd’hui permet de faire une sélection parmi la densité de jolies productions des terroirs du Beaujolais et des appellations du Beaujolais.

Il y a les crus [du Beaujolais] mais également les appellations Beaujolais Villages et Beaujolais tout court. Le but est de choisir justement les meilleurs vins pour pouvoir avoir une représentativité qualitative. »

[Les vins sélectionnés seront présentés aux sommeliers venus du monde entier, en marge des épreuves du concours du Meilleur Sommelier du Monde 2023.]

Vous avez pu déguster un grand panel de vins du Beaujolais ce matin. Qu’est- ce qui vous a le plus marqué ?

« J’ai dégusté un certain nombre de Beaujolais ce matin. Ce qui m’a marqué, c’est d’abord la qualité de l’ensemble. On a goûté beaucoup de vins qui étaient gourmands, friands, avec de la personnalité. Bien sûr, dans les crus, on a eu une identité plus forte. C’est un peu l’objectif. Vous savez que Moulin-à-Vent a un charme extraordinaire, Morgon a une expression qui lui est propre,… Il y a le côté très aromatique des Fleurie, l’élégance des Juliénas, la finesse des Brouilly, etc. C’est ce qui m’a le plus marqué ce matin lors de la dégustation. C’est l’identité des crus et la hiérarchisation qui est bien respectée dans ce qu’attendent les consommateurs. »

Philippe Faure-Brac, en tant que sommelier, avez-vous des coups de cœur parmi cette sélection ?

« Quand on déguste on a toujours des coups de cœur, et heureusement ! Par exemple, en Moulin-à-Vent, j’ai beaucoup apprécié Le Nid de la famille Lardet. C’est une très jolie cuvée dans le millésime 2020. (…) Et j’ai découvert un domaine à Régnié, que je ne connaissais pas, Philippe Viet, qui est vraiment dans le charme élégant du Régnié.

Et puis un classique que j’adore et que j’ai retrouvé en dégustation à l’aveugle, parce que tout était fait à l’aveugle, c’est le Morgon de Dominique Piron. Il y en a d’autres : le Château des Jacques qui est merveilleusement bien sorti. Le Château de la Chaize, quelle belle propriété, en Brouilly et en Côte de Brouilly.

Donc on a été gâté et les résultats sont là pour en témoigner. »

Vous disiez que Le Beaujolais bénéficie d’une grande diversité de sols, de terroir et de vigneron.ne.s. Est-ce que cela s’est ressenti ?

« C’est vrai qu’on a souvent une image globale du Beaujolais. Quand on rentre dans les crus, on s’aperçoit qu’effectivement il y a une identité propre à chacun. Et heureusement. Et ce que l’on perçoit, c’est que les vignerons laissent s’exprimer de plus en plus le parcellaire. [On se rend compte, par exemple] que Rochegrès (lieu-dit de Moulin-à-Vent), n’a pas le même goût qu’une autre parcelle. Il y a des affleurements de granite à des endroits, mais il n’y en a pas partout, etc. Et les altitudes différentes donnent une variante de température que l’on ressent aussi dans la fraîcheur des vins.

Tout ça, ce n’était pas aussi identifiable avant aujourd’hui. Ça l’est davantage maintenant. Mais je pense que les vignerons du Beaujolais ont intérêt à aller un peu plus loin dans cette démarche. »

Vous avez gouté des vins avec déjà un peu d’âge. On a souvent tendance à penser que les vins du Beaujolais doivent se boire jeunes. Quel est votre avis ?

« C’est vrai que quand on pense Beaujolais, on pense jeunesse, spontanéité, fruité, etc. Et on s’aperçoit qu’un certain nombre de vins sont d’abord élaborés spécifiquement pour la garde. Peut-être avec un peu plus de densité, un élevage un peu plus marqué. C’est le cas pour les crus d’une façon générale, pour certains crus plus particulièrement, et peut-être aussi pour certains millésimes. C’est la logique justement de la garde. Donc non, le Beaujolais n’est pas qu’un vin de fête et un vin à découvrir juste dans les premiers temps. Il peut même se révéler un très joli vin de garde en s’affinant, en se complexifiant. Et en allant d’ailleurs vers une dimension gastronomique plus affinée lorsqu’il prend un petit peu plus d’âge. »

Que pensez -vous des Beaujolais blanc ? Pourquoi choisir un chardonnay du Beaujolais et qu’a- t-il de spécial ?

« Alors le Beaujolais blanc existe. Et en plus, il y a du Beaujolais blanc en Villages, avec un distinguo gustatif. Pourquoi choisir un Beaujolais blanc ? Franchement, il y a plein d’autres vins dans la vie, sauf que l’on produit peu de blanc dans le Beaujolais. Et j’ai tendance à penser que les gens qui en font s’appliquent à le faire bon. Parce que justement, c’est une production qui est un peu marginale. Donc pour nous, sommeliers, c’est génial parce que les gens ne connaissent pas cette appellation en blanc. C’est la surprise, et la qualité est souvent au rendez-vous parce que les producteurs se concentrent pour faire ça. Et troisièmement, c’est un vin qui est aussi intéressant en terme de gastronomie. Donc les atouts sont là. »

Les vins du Beaujolais ont-ils leur place dans les grands restaurants ? Qu’ont-ils de spécifique, de différent ?

« Les vins du Beaujolais ont bien entendu leur place sur les cartes de restaurants, et de grands restaurants. La plupart d’entre eux d’ailleurs, et c’est peut-être à ça qu’on voit un grand restaurant, ont une diversité honnête, sincère, de ce qui se passe dans le vignoble. Et le Beaujolais fait partie intégrante du panorama viticole français et donc international.

Quand je voyage dans le monde, pour moi, s’il n’y a pas de Beaujolais sur une carte, je trouve que c’est un manque. C’est une façon peut être d’analyser le point de vue du sommelier et la façon dont il bâtit sa carte. Et on ne trouve parfois qu’un vin du Beaujolais. Et c’est souvent un Moulin-à-Vent ou un Morgon parce que ce sont les plus célèbres. Alors quand on commence à discuter avec certains sommeliers, qui justement trouvent des pépites, ils en proposent dans les autres crus. Et on s’aperçoit effectivement que le reste de la sélection hors Beaujolais est très bonne aussi. Donc pour moi, c’est presque un marqueur qui donne le “la”, quelque part, à la carte des vins. »

Pouvez-vous nous dire un mot sur le Concours du Meilleur Sommelier du monde ?

« Le concours du Meilleur Sommelier du Monde est organisé tous les trois ou quatre ans. Les épreuves sont gérées par le Comité technique mondial. Le pays hôte, que je représente pour le prochain concours en 2023, la France, organise l’ensemble de l’événement. Donc c’est un travail colossal et je remercie l’interprofession du Beaujolais de nous accompagner dans cette aventure. Parce que sans les partenaires, le vignoble, l’implication de la filière, on ne pourrait pas aller au bout de l’aventure.

Le concours, c’est 63 pays, 1 semaine de compétition, et 1 seul Meilleur Sommelier du Monde. Nous, en France, on a choisi d’être représentés pour le concours de février 2023 – et parce qu’elle a gagné la sélection- par Pascaline Lepeltier. On espère aller bien entendu au bout de l’aventure avec elle. En tout cas, on met tout en œuvre, et tous les pays le font, pour accompagner notre candidate. Cette belle manifestation met en valeur le métier et pas simplement le gagnant. Ce qui doit effectivement prédominer et ce qui doit faire gagner, c’est l’ensemble de la profession à travers le monde. Ce concours doit donner envie aux gens et finalement susciter des vocations. Je pense que c’est vraiment ça le message. »

Philippe Faure-Brac, en tant que sommelier et président de l’UDSF, comment vous préparez-vous à accueillir cet événement ?

« En tant que président de l’UDSF, je me prépare avec mes troupes, parce qu’on est nombreux. C’est une confédération. Il y a 23 associations dans différentes régions. On se prépare communément à accueillir [les sommeliers de partout dans] le monde. Donc, ça veut dire mettre en place une structure, un programme, des événements. On va démarrer au Quai d’Orsay, pour le symbole de la France qui accueille le monde, et on termine à Paris la Défense Aréna. Entre temps, l’Hôtel de Ville de Paris, la région, le pays, voilà ce qu’on souhaite montrer. Cet événement concerne non seulement l’équipe d’organisation, mais surtout l’ensemble des métiers de l’hôtellerie et de la restauration. L’ambition suprême, c’est de toucher l’ensemble des Français qui doivent être heureux et fiers d’accueillir ce concours du Meilleur Sommelier du Monde. »

Vous avez remporté la compétition du Meilleur Sommelier en 1992, quel souvenir gardez-vous de cette victoire ?

« J’ai gagné ce concours en 1992, et j’ai presque l’impression de le revivre tous les jours, tellement c’était intense. On a l’impression d’être dans une sorte de bulle et de couloir dans lequel on voit la lumière au fond. J’avais vraiment cette impression-là, comme si j’avançais dans la lumière. 

Le concours m’a permis à la fois d’aller plus loin dans mon cheminement personnel, au-delà même de l’aspect professionnel, bien entendu. Et il m’a permis aussi de continuer à faire rayonner le métier parce que c’est aussi ça l’objectif. On devient, quand on gagne, un ambassadeur d’excellence finalement. C’est comme ça qu’on se positionne dans notre métier. Et comme je le dis souvent, on ne peut gagner ce concours qu’une fois dans sa vie. On fait partie ensuite de cette famille. Nous en sommes à seize, donc le prochain, c’est le dix-septième. Mais on nous demande presque de regagner ce titre tous les jours, donc on essaye d’être le plus performant possible. »


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