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Ils ont marqué l’Histoire du Beaujolais

Les Romains déjà cultivaient la vigne en Beaujolais. On dit d’ailleurs que Jules César aurait donné son nom au cru Juliénas.
Mais c’est au Moyen Âge que le vignoble commence à se faire un nom. Une histoire qui a croisé la route de nombreux personnages.

Les sires de Beaujeu ou l’avènement du Beaujolais


C’est d’abord sous l’impulsion des sires de Beaujeu qui imposent leur marque sur la région que le vignoble beaujolais prend de l’essor. L’un d’entre eux, Bérard, se fera d’ailleurs connaître dès 957 grâce à ses transactions viticoles. Ils donnent leur nom au territoire et contribuent à son aura. Beaujeu est la capitale du Beaujolais jusqu’au XVIe siècle, date à laquelle elle est détrônée par Villefranche-sur-Saône moins excentrée.

La production de vin reste marginale à l’époque. Il faudra attendre le XVIIe siècle pour qu’il prenne véritablement son essor.

Pulliat et Vermorel : les sauveurs de la vigne


Au XIXe siècle, Victor Pulliat contribue à la renaissance du vignoble français décimé par le phylloxéra. C’est à Chiroubles qu’il étudie différentes solutions pour éradiquer l’insecte. Ses recherches l’emmèneront partout en Europe pour procéder à des essais de greffes. Il permet de sauver la vigne en prônant la mise en place de porte-greffes américains. Aujourd’hui sa mémoire est toujours honorée. Le concours Victor Pulliat désigne les meilleures cuvées du millésime, dans chacun des 10 crus du Beaujolais. Le nom de Victor Vermorel est lui associé à la lutte contre le mildiou. A la fin du XIXe siècle, il procède à des expériences dans l’atelier familial de Villefranche-sur-Saône. Il met notamment au point un pulvérisateur de bouillie bordelaise pour éliminer ces maladies de la vigne.

MADEMOISELLE MARGUERITE CHABERT

Elle s’immergea très tôt dans la culture vigneronne en conduisant son père, élu président de la cave coopérative de Fleurie en 1932, aux différentes réunions auxquelles il se rendait. C’est tout naturellement qu’elle lui promit de prendre en main les destinées de la cave à sa mort. Elle lui succéda en 1946. Très compétente, Marguerite travailla pendant près de 40 ans sans jamais faillir, au développement de la structure dont elle assumait la responsabilité.
Première et seule femme présidente de cave coopérative en France, sa forte personnalité lui permettait d’imposer ses idées dans un milieu essentiellement masculin. En 1975, elle reçut la médaille de la Légion d’Honneur, témoignant de la reconnaissance de la patrie beaujolaise.

Les pères du Beaujolais Nouveau


Au XXe siècle, l’énergie des acteurs du Beaujolais comme Louis Bréchard, viticulteur engagé et député, Léon Foillard, négociant en vin et père fondateur des Compagnons du Beaujolais ou Gérard Canard, ancien directeur de l’Union Interprofessionnelle des vins du Beaujolais, a participé à mettre en exergue le Beaujolais Nouveau.


Mais le pape incontesté de cette grand-messe bachique est sans conteste Georges Duboeuf.

Jules Chauvet

Jules Chauvet était un négociant-éleveur de vin, installé à La Chapelle-de-Guinchay. Outre ses qualités de vigneron et de dégustateur, il possédait des compétences de chimiste. Il travailla notamment sur les levures, la fermentation malolactique et la macération carbonique. Pédagogue, spirituel et animé d’une grande force de conviction, il est considéré aujourd’hui comme le père du mouvement des vins naturels. Il laisse une œuvre scientifique sur la chimie du vin et la dégustation uniques au monde.

Georges Duboeuf et le Beaujolais planétaire

Parfois surnommé le « pape » ou le « roi » du Beaujolais. Georges Duboeuf, issu d’une longue lignée de vignerons, s’installa en 1964 à Romanèche-Thorins pour fonder son négoce de vin du Beaujolais et du Maconnais. Fin dégustateur, il avait à cœur de révéler le talent des vignerons et sublimer les grands terroirs. Inlassable ambassadeur de la région, il parcourut le monde entier pour mettre en avant ses vins aux cotés de chefs de renom parmi lesquels Paul Bocuse, Pierre Troisgros ou encore Guy Savoy. Il contribua grandement à la renommée du Beaujolais Nouveau en organisant des événements internationaux d’envergures. Précurseur en matière de communication, il fonda en 1993 le Hameau Duboeuf, véritable musée dédié à la vigne et au vin.

Bernard Pivot, l’enfant du pays


Parlons enfin d’un enfant du pays, amateur de Beaujolais et défenseur ardent du vignoble. Bernard Pivot, écrivain, homme de lettres et de télévision, auteur du Dictionnaire amoureux du Vin et membre de l’Académie Goncourt est le cofondateur du Comité de défense du Beaujolais.


Il aime à dire que le Beaujolais est « un vin qui est associé à la jeunesse, l’énergie, à la fraîcheur et lié aussi aux jardins, aux jardins de curé ou d’ouvrier où il y a un peu de fruits rouges ».

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2 000 ans d’Histoire à savourer

C’est au XXe siècle avec les Beaujolais Nouveaux qu’il a acquis une renommée mondiale, pourtant le Beaujolais est un vignoble ancien, à l’histoire plurimillénaire.

Le Beaujolais depuis l’Antiquité !

Ses vignes remontent à l’Antiquité ! On en trouve trace dès le premier siècle avant Jésus Christ, à l’époque des Romains.
Le cru Juliénas tirerait d’ailleurs directement son nom d’un certain Jules César.

…pendant le Moyen Âge

Dès le Haut Moyen Âge, les sires de Beaujeu imposent leur marque sur la région. L’un d’entre eux, Bérard, se fera d’ailleurs connaître dès 957 grâce à ses transactions viticoles. Ils donnent leur nom au territoire et contribuent à son aura.
Beaujeu est la capitale du Beaujolais jusqu’au début du XVIe siècle, période à laquelle elle est détrônée par Villefranche-sur-Saône.


…Après le XVIIème siècle


À partir du XVIIe siècle, la vigne beaujolaise attire la bourgeoisie de Lyon. Les notables jouissent alors d’un droit de vente sans taxe et vantent à Paris les mérites de ce vin.

De nouvelles voies de communication, comme le canal de Briare, creusé entre la Loire et la Seine, placent le Beaujolais sur une importante route commerciale entre le sud de la France et Paris. Ainsi, les marchandises arrivant au port de Belleville par la Saône sont acheminées vers la Loire à travers le Beaujolais. Les vins du Beaujolais en profitent pour être acheminés jusqu’à Paris. Le vignoble connait alors son essor.


Parallèlement, le Beaujolais devient le vin des Canuts, le vin des ouvriers de la soie. Des privilèges commerciaux sont négociés avec Paris et Lyon selon une répartition nord-sud : les vignerons du nord commercent avec la capitale, ceux du sud avec leur voisine lyonnaise.
Le Beaujolais devient le premier fournisseur des tavernes lyonnaises et des fameux Bouchons qui le servent en pot.


Plus près de nous au XIXème et XXème siècles

Au XIXe siècle, l’arrivée du chemin de fer va accélérer son expansion.
Cependant, à partir de 1875, le vignoble français se réduit à la portion congrue, décimé par le phylloxéra. Il ressuscitera, notamment, grâce aux recherches de Victor Pulliat, une des figures du Beaujolais, qui introduit des porte-greffes américains, plus résistants au puceron ravageur originaire des États-Unis.


Au XXe siècle, le Beaujolais acquiert ses lettres de noblesse avec la naissance des AOC (à partir de 1936 et jusqu’en 1988) et de ses premières caves coopératives.


La deuxième moitié du XXe siècle sacre l’avènement des Beaujolais Nouveaux. En 1985, un décret entérine sa date de mise sur le marché le 3ème jeudi de Novembre.


Et l’histoire n’est pas finie. A vous de l’écrire en dégustant les vins du Beaujolais !

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Le Beaujolais attire les foudres dans ses caves

Les foudres du Beaujolais… Voilà un concept inquiétant à priori, n’est-ce pas ? Mais rassurez-vous, il ne s’agit ni d’orages, ni d’éclairs, ni même d’une colère divine ! Le foudre, c’est tout simplement le contenant privilégié par les vignerons du Beaujolais pour élever majoritairement leurs vins de garde.

Un foudre ? Késako ?

Pour commencer, ce terme « foudre » est masculin quand il est utilisé dans un contexte viticole. Il désigne une grande cuve en bois qui peut accueillir jusqu’à 300 hectolitres de vin. Imaginez un fût ou un tonneau géant et vous visualiserez très bien ce qu’est un foudre !

Si la plupart des autres vins français utilisent plutôt des barriques ou des fûts, à la contenance plus réduite, les vins du Beaujolais s’épanouissent beaucoup mieux dans les foudres. Ils y ont davantage
de place pour respirer et vivre. Oui, parce que le vin vit durant sa maturation ! Il ne cesse d’évoluer et de s’ajuster jusqu’à trouver l’harmonie qui lui convient.

Qu’apporte l’élevage en foudre aux vins du Beaujolais ?

Pourquoi les vignerons du Beaujolais privilégient-ils le foudre aux barriques et autres cuves ? Simplement parce que le contenant a une incidence sur le contenu. Un vin qui vieillit dans un fût en bois aura tendance à s’imprégner davantage de ses arômes et à développer quelques notes de vanille, de toasté et de grillé.

Dans le Beaujolais, les viticulteurs tiennent à ce que leurs cuvées développent des goûts marqués de raisins et de fruits rouges. Ils préfèrent alors élever leurs vins en foudre afin d’atténuer les arômes boisés qui pourraient s’y annexer. En effet, la contenance d’un foudre étant beaucoup plus grande que celle d’une barrique, les saveurs boisées se diluent davantage dans le vin. Moins concentrées, elles laissent donc toute leur place à la vraie star : le raisin.

Et puis le foudre du Beaujolais étant une barrique plus large, l’oxygénation y est plus grande. Or, c’est cette oxygénation qui permet aux saveurs de se développer. D’ailleurs, vous savez probablement qu’il est recommandé d’aérer un vin rouge au moins 20 minutes avant de le servir. Mais vous êtes-vous déjà demandé pourquoi ? En fait, lorsque vous débouchez une bouteille et que l’air entre dedans, cela réveille le vin. Toutes les molécules se mettent en mouvement et favorisent alors son épanouissement. Faites le test la prochaine fois que vous servirez un Beaujolais. Goûtez-le dès l’ouverture, puis 20 minutes après. Vous décèlerez beaucoup plus de saveurs la seconde fois !

C’est le même phénomène qui se produit dans les foudres du Beaujolais et qui permet aux vins de ce vignoble d’exprimer pleinement leurs terroirs.

Le bois du foudre est-il important ?

Même si une infime partie du vin est en contact avec le bois du foudre, on ne peut pas nier que la cuvée va en garder une trace. Pour que les vins du Beaujolais se dotent de l’intensité qui leur est propre, ils sont généralement stockés dans des foudres en chênes français. Ce choix n’est absolument pas dû au hasard !

Il existe différents types de bois et des provenances diverses. Mais si le chêne français est retenu, c’est pour sa finesse. Contrairement au chêne américain par exemple, le chêne français imprègne moins le vin. Cette discrétion aromatique permet de laisser pleinement s’exprimer le raisin et le terroir sur lequel il a poussé.

Selon qu’ils élèvent des vins rouges, blancs ou rosés ; selon qu’ils veulent arrondir et complexifier leurs vins ou au contraire en conserver la typicité, les vignerons du beaujolais font le choix de leurs contenants : traditionnels en bois (fût, demi-muid, foudre) ou cuve. Le foudre reste régulièrement privilégié car il respecte pleinement la maturation du gamay et l’aide à développer ce fruité si typique des Beaujolais.